Groupe un tout autre modèle économique

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L'économie locale comme alternative au capitalisme international

Lors du forum ouvert du 25 mai dernier je m'étais engagée à regarder les initiatives de production locale. C'est à mon avis intéressant d'ouvrir ce sujet pour 'un tout autre modèle économique'. Et donc, Tadam! Voici un 1er jet disponible dans les documents ressources ci-dessous.

 
> Le papier fait 4 pages et explique le lien entre le modèle de production capitaliste et ses conséquences négatives sur les gens et l'environnement, liste les avantages de la production locale et fait la liste de liens vers les alternatives actuellement mises en place en Belgique, en France et ailleurs.


> NB:

* L'Allemagne serait un exemple intéressant de la propagation rapide des énergies renouvelables mais ce serait plus simple pour un germanophone de se lancer dans ce travail! 

* Seuls les secteurs de l'énergie et de l'agriculture sont abordés ici, d'abord parce que ce sont des secteurs clés, ensuite parce que ce sont presque les principaux secteurs où on observe des initiatives de production locale en cours. Enfin la production locale de monnaie est étudiée par ailleurs sur ce forum.

* La question des pays en développement n'est pas abordée ici mais serait tout à fait pertinente pour ce sujet (interaction avec l'agricultureindustrielle au Nord, la spéculation alimentaire, la pression à l'exportation alors que les besoins locaux ne sont pas satisfaits., etc.)

Démarré par Ccil dans Groupe un tout autre modèle économique 25 juin 2016 13:34

Bonjour Ccil,

J'aime l'idée générale de développer les activités locales pour les raisons que tu donnes dans le papier, mais je ne partage pas certains points, je trouve qu'il manque un peu de rigueur dans les termes, c'est donc bien dans le but de contribuer à la réflexion que j'aimerai faire des remarques (je les ferai petit à petit).

  • La recherche de profits est le moteur du modèle capitaliste.

Le terme capitalisme est toujours utilisé pour évacuer le sentiment d'indignation que nous provoque le système actuel. Soyons un peu moins poétiques et tachons d'être réalistes. Par capitalisme nous devons entendre un système économique complexe dans lequel interviennent effectivement des entreprises privées qui cherchent du profit, mais aussi l'État qui représente l'intérêt de la société et depuis 40 ans le secteur social dont le but n'est pas le profit mais le lien social. Le moteur du capitalisme n'est plus seulement la recherche du profit, c'est l'ensemble de ces acteurs, leurs intérêts (profit, bien commun ou lien social) et la façon dont ils coordonnent entre eux (profit-impôt, impôt-redistribution, subventions-prestation de services), c'est-à-dire à travers l'argent.

Le capitalisme ne se caractérise pas seulement par la recherche du profit car au sein même du capitalisme se développent toute une série d'activités sans but lucratif qui par leur fonctionnement contribuent au système, plutôt elles bénéficient du système, notamment en Europe.

Production locale, oui, mais en plus de la recherche du profit il faut questionner la propriété privée et l'utilisation de l'argent comme instrument de transmission de la valeur. Ça veut dire qu'il faut aussi embrasser l'idée des commons et des institutions économiques autres que le marché d'échange, par exemple le marché de réciprocité.

En tout cas je suis partant dans ta démarche, continuons à réfléchir ensemble.

Ayar Portugal 27 juin 2016 16:37

L'économie locale comme alternative au capitalisme international ? OK, mais alors :

- sortons tout notre argent des banques ;

- isolons nos logements avec des ballots de paille et chauffons-nous au bois ;

- réduisons notablement notre consommation de viande et en hiver, ne consommons plus que des légumes d’hiver et lacto-fermentés, des fruits secs et des légumineuses produites sur place (avec peut-être aussi quelques produits "fait trade" de manière marginale, mais assurons alors nous bien du caractère non-capitaliste de tout le circuit);

- bannissons toute l’électronique de ce que nous achetons, y compris les ordinateurs ;

- et donc arrêtons d’utiliser internet (et en particulier cette forme de discussion !) ;

- bannissons bien sûr tous les véhicules automobiles ;

- et je pourrais presque indéfiniment allonger cette liste…

Etes-vous prêts ? Chiche !!!

André Leclercq 5 juillet 2016 13:20

@ André Leclerq

- Quel lien entre développer les activités locales et sortir "tout notre argent des banques"? Moi je dirai simplément abolir l'institution monétaire, cesser d'imprimer des billets et ne plus reconnaître l'euro (peut être utiliser des monnaies locales à sa place, il faut débattre).

- Tu n'aimes pas un chauffage moderne? Si une communauté souhaite avoir un chauffage électrique, je ne vois pas qu'est-ce qui pourrait lui empêcher d'en chercher un. Autrement dit, je ne vois pas le lien que tu fais entre "développement d'activités locales" et "sources de chaleur" ou "matières d'isolement thermiques".

- Je vois ce que tu veux dire, mais voici pourquoi je ne suis pas d'accord. Rien n'empêche à deux communautés vivant dans deux écosystèmes différents de commercer des biens agroalimentaires. "Développer les activités locales" ne veut pas dire "s'isoler du reste du monde".

- Si tu veux bannir l'électronique et les ordinateurs il faudrait que tu donnes des raisons, juste comme ça dogmatiquement je ne suis pas d'accord, j'aime bien l'électronique et je trouve que les ordinateurs sont très utiles.

- C'est vrai que sans ordinateurs il n'y a pas Internet...

- Oui, il faut bannir les voitures! mais on  n'est peut être que deux à le vouloir.

- Vas-y...

Explique pourquoi pour toi un développement des activités locales veut dire pour toi automatiquement un renfermement communautaire. Être renfermé, sectaire, nationaliste, ethnocentriste n'est pas impiqué automatiquement par un développement des activités locales. Peut être que tu crois qu'on dit que on aura exclusivement des produits locaux?

Ayar Portugal 11 juillet 2016 17:32

@ Ayar Porugal (et à Ccil)

C'est parfois difficile de bien se faire comprendre via des ordinateurs (d'où d'ailleurs de grosses réserves de ma part concernant la "démocratie électronique" ... mais c'est un autre débat!)! Je n'ai rien contre les activités locales, ce qui me pose problème, c'est la seconde partie de la proposition "comme alternative au capitalisme", car en tant que telle, et seulement en tant que telle, l'économie locale ne peut être la "voie par excellence" pour sortir du capitalisme!

Et dans mes exemples, je citais les banques, parce que même des banques alternatives comme Triodos participent à ce système économique détestable, même NewB commence à y participer. Et les composants des ordinateurs sont produits à l'autre bout du monde parfois dans des conditions d'xploitation des travailleurs insupportables, on peut aussi penser aux mines de coltan en Afrique (matière première pour les GSM) - cela dit, cela n'empêche pas qu'au niveau des logiciels, il y a des alternatives d'ailleurs souvent techniquement meilleures que les produits des firmes dominantes, pensons à Linux...

Quant au chauffage, le plus adéquat pour les villes, c'est le gaz, mais il est extrait au loin, commercialisé par des entreprises qui s'insèrent aussi souvent dans le capitalisme international, pensons à Lampiris qui fait maintenant partie de Total-ement irresponsable!

De plus, si on veut vraiment que l'économie locale se développe, il faut des encouragements politiques, tout autre chose que les accords TTIP et autres CETA que certains voudraient nous imposer de manière pas du tout démocratique. C'est pourquoi il me semble bien plus approprié de parler de relocalisation de l'économie (cf. Serge Latouche et d'autres partisans de la décroissance) plutôt que d'économie locale.

Je te rejoins d'ailleurs complètement Ayar quand tu évoques aussi les communs - les commons, les "commonalités", etc. (cf. notamment ce qu'en dit Michel Bauwens à coté de bien d'autres) qui ont besoin d'une structure juridique quasi inexistante et donc à développer aussi par des mesures politiques (propriété commune de la terre par ex.), et on pourrait citer aussi la fin du prêt à intérêt (Margrit Kennedy), du système de l'actionnariat (d'où tout l'intérêt du développement des "vraies" coopératives), le développement des monnaies complémentaires et locales (cf. Bernard Lietaer)... Tout cela à coté de mesures plus conventionnelles visant les institutitions financières et les plus riches comme les proposent Attac, le CADTM, le Tax Justice Networdk, etc. Sans compter aussi la revalorisation des services publics...

Et puis il faudra faire tout un travail de décolonisation de nos esprits, de nos imaginaires, de toute cette vision capitaliste qui nous "innerve" (et nous énerve!), alors qu'on sait aujourd'hui, par les découvertes les plus récentes de l'écologie scientifique, de l'anthropologie, de l'éthologie (science du comportement animal), que c'est la coopération qui domine dans le monde du vivant (lire notamment à ce titre "Le vivant comme modèle" de Gauthier Chapelle ou "Le tao de l'écologie" d'Edward Goldsmith)...

André Leclercq 12 juillet 2016 11:26

Peut être qu'on pourrait/devrait organiser les sujets de discussion en fonction de ces concepts qui semblent centraux dans la réflexion du TAME.

Par exemple, l'économie locale (ici), les communs, l'économie circulaire, la monnaie, la réciprocité, etc.

Dans chaque discussion:

  • On développerait à travers le dialogue le concept central en le rendant accessible pour tous. (approfondissement des concepts)
  • On ferait le lien entre le concept central de la discussion et les autres concepts. (transversalité thématique)
  • On esquisserait le TAME théorique. (l'utopie)
  • On explorerait les moyens possibles d'application, dans un contexte concret, par exemple celui des communes bruxelloises. (le possible, la praxis)

Le but serait de remplacer peu à peu les catégories conceptuelles du capitalisme jusqu'au point où on dispose d'un ensemble cohérent et articulé d'idées qui nous permette d'appréhender l'économie-société-politique avec un regard non-capitaliste, éventuellement jusqu'à pouvoir proposer une toute autre politique économique.

Ayar Portugal 12 juillet 2016 14:44
Vous avez tout lu dans cette discussion