Je me sens mal à l’aise depuis un bon moment dans le mouvement "Tout Autre Chose". J’ai quelques questions sur la cohérence du fonctionnement actuel des organes de Tout Autre Chose. Certains vont manger leur casquette, en jurant que cette tentative de remise en question est inutile voire démotivante, mais je suis certain que de ne pas réfléchir à cela, décrédibilise notre éthique de travail.
- Pourquoi autant de décisions se prennent pendant les vacances scolaires ? Ne pensez vous pas que commencer avec autant de demandes en tous genres : réunions, actions, coordinations, … ne font que rebuter encore plus le citoyen lambda qui voudrait s’investir dans le mouvement tout en protégeant sa vie professionnelle et familiale ? N’avons nous pas assez d’exemple de réticences citoyennes sur ces questions là, que cela ce soit au niveau central ou au niveau local ?
- Pourquoi, dés que le citoyen se pointe dans un groupe sensé discuté d’un sujet, on lui bourre l’agenda de tas de dates à couvrir et de tâches à accomplir dans d’autres groupes ? N’est-ce pas juste un comportement d’un militantisme classique ? N’avons-nous pas plus d’imagination dans un mouvement progressiste ?
- Pourquoi, les personnes qui parlent au nom d’un groupe de travail, s’expriment aussi au nom d’autres groupes ? Nous critiquons le cumul des mandats dans la politique, ne reproduiserions nous pas le même schéma ? Cela ne tournerait-il pas à une certaine schizophrénie ?
- Pourquoi n’élargissons nous pas plus notre portée de communication en laissant parler les citoyens vrais ? N’avons nous pas l’impression que le mouvement est dirigé par des étudiants, des professeurs émérites proches de la politique, des représentants de groupes politiques, de fédérations ou de syndicats ? En soi, ce n’est pas répréhensible, mais n’est-ce pas tout de même dommageable pour le citoyen, qui a besoin se reconnaitre dans un discours novateur, surprenant et ne rappelant pas systématiquement les dérives des mandataires actuels ? Du coup, la question est, sommes-nous en accord avec la première définition de ce mouvement qui rappelons-le se nomme encore « Tout Autre Chose » ?
- Pourquoi quand nous participons à une réunion, avons nous la désagréable impression qu’on nous suggère les manières de penser, d’agir et de débattre, et cela sous le sceau d’une certaine efficacité, d'une urgence, ou d’unité ?
- Pourquoi la mobilisation locale se fait difficilement malgré les conseils des coordinateurs du mouvement ? Ne demande-t-on pas trop à nos représentants locaux ?
- Pourquoi, le mouvement a tant de mal à se diffuser à travers toutes les franges de la population ?
définition du mouvement : « Nous sommes un mouvement citoyen belge francophone, cousin du mouvement néerlandophone Hart Boven Hard. Nous fédérons des citoyens et des collectifs déjà investis dans des luttes et des alternatives mais aussi des citoyens qui n’étaient pas encore engagés. Nous prônons un nouveau type d’action politique, souple, ouvert, créatif et réjouissant ...»
Sifiane,
Merci pour tes réflexions et questionnements. C'est important de les partager, et je pense que certaines d'entre elles doivent être discutées lors de notre prochaine réunion de GT stratégie. Plusieurs commentaires me viennent à l'esprit en lisant tes mots...
- Concernant les réunions durant les vacances: en ce qui concerne notre groupe, l'agenda avait été fixé lors de notre réunion à Namur, à laquelle tu as assisté. Il me semble que c'était le lieu et l'endroit pour le dire, plutot que de s'en plaindre a posteriori. Comme tout le monde était d'accord là-dessus (il me semble que Claudine avait émis des réserves à cause de ses vacances chargées, mais c'est la seule) il n'y avait pas de raison de rester en stand by. C'est décourageant pour les gens qui écopent des tâches ingrates (envoyer les mails pour organiser les réunions, notamment) de lire ça...
- Concernant l'excès de réunions: nous ne nous sommes pas vus depuis plus d'un mois, de quelles dates parles-tu??? Si tu as des alternatives originales à mettre en avant pour remplacer les réunions, elles sont les bienvenues, car nous avons tous une vie remplie de choses passionantes. Mais n'oublie pas que cela doit permettre des débats démocratiques et, dans une certaine mesure, de l'efficacité sur les objectifs que l'on se fixe tous ensemble...
- Quand tu parle de cumul, de quelles personnes parles-tu? C'est vrai que l'on a parfois tendance - et moi la première - à s'investir dans plein de choses et du coup de sembler être partout, mais ce n'est pas pareil de faire du travail bénévole là ou les forces manquent que de se remplir les poches à coup de siège vide comme c'est parfois le cas dans les partis politiques.
- Concernant la communication - ou, plus vraisemblablement, du "citoyen vrai". Je me sens particulièrement blessée par cette remarque, et je pense que je ne serai pas la seule. Mon engagement au sein du mouvement étudiant me rend moins citoyenne que toi? Parce que j'ai oeuvré dans l'intérêt collectif, que j'y ai mis du temps et de l'énergie au sein d'une structure rassemblant des gens avec les mêmes aspirations, je suis moins citoyenne? N'est-ce pas le contraire du mot citoyen, et de la citoyenneté, que de se considérer comme plus vrai et donc meilleur que d'autres sous prétexte qu'on n'a pas le même parcours ou la même forme d'engagement? Je pense que Tout Autre Chose se prétend ouvert et pluraliste, il serait temps qu'on arrête un peu de nous considérer comme des citoyens de seconde zone juste parce qu'on conssacre tout notre temps et notre énergie à plus de justice, de respect, d'égalité, de pluralisme et d'ouverture (entre autres!), comme bien d'autres le font, à leur manière. Je ne me permettrais jamais de considérer quelqu'un comme "plus" ou "moins" citoyen, et j'aimerais bien pouvoir recevoir les mêmes égards...
Voilà mes sentiments par rapport à tes questions, et je pense par ailleurs que la question de la surcharge des locales, du manque de visibilité de notre discours et de la mixité dans le mouvement sont des points cruciaux que le groupe devra développer par la suite, avec ou sans moi. Merci d'avoir pris le temps de les écrire, Sifiane, au lieu de réfléchir à tout cela seul dans ton coin. C'est par ces débats qu'on construit un mouvement en y préservant le dialogue et l'humanité dans le travail :-)
Pour remettre en contexte mes réflexions, j'insiste bien sur le Mouvement dans son entièreté. J'ai posté cet article sur le "Groupe Stratégie" car le système "Participer" ne permet pas de lancer une discussion sans faire partie d'un groupe au préalable; j'ai donc décider de la placer dans le groupe qui est le plus proches de ce genre de débats. Mais j'invite tout le monde à s'exprimer sur ces points. Ceci étant, le groupe stratégie fait partie du mouvement et donc subit lui-aussi les mêmes critiques de ma part, en effet.
Pour être le plus précis, je crois qu'il est important de ne pas se sentir visé par ces questionnements, bien que, et c'est cela le paradoxe, nous devons tous nous remettre en question. Ceci n'est pas une joute mais un débat. Et, je pense qu'à des réunions de maximum 2h30, il est difficile de discuter des sujets que j'aborde sans avoir l'impression de faire du "sur place". Donc sur un forum, ça me paraît bien. Question de ne pas polluer. Pour terminer ma remise en contexte, j'ai bien conscience d'endosser le rôle du vilain petit canard, mais c'est à dessein.
Je réponds donc à tes observations, Corrine.
- "Concernant les réunions durant les vacances.." et "Concernant l'excès de réunions...". Tu as raison sauf qu'il s'agit bien d'un enchaînement de prise de date sur un agenda lié à tout le mouvement. Je veux dire par là, que dès qu'on rentre dans un groupe de travail, on est souvent poussé vers un autre groupe de travail. Un effet domino. Certains pourraient dire que c'est à chacun de ne pas accepter les propositions superfues de travail en plus. Mais forcé de constater que l'effort de limiter les propositions au sein des groupes de travail pour l'entièreté du mouvement, n'a pas l'air d'être remis en question. Et, That's The Point... Ceci est un stigmate d'un mouvement qui n'arrive pas encore se remettre en question de sa " Politique" militante. Citoyen et militant, c'est très différent. Même, si défendre la cause citoyenne, aujourd'hui, équivaut à un acte militant. Mais, soit... (pour terminer sur l'histoire de l'agenda des vacances du groupe "stratégie": Je crois que, et cela été dit, commencer un groupe de réflexion par une démarche proactive est un paradoxe. Pour le reste, je suis désolé si ton investissement s'en retrouve émoussé, en abordant ce sujet)
- "Quand tu parles de cumul...": Je parle de toi, de moi, de plein de gens dans ce mouvement. Je crois d'ailleurs qu'il s'agit de "nous" et pas de "tu". Je crois que le cumul est un mauvais signal quand le base de la lutte est justement, la politique et de ses dérives. Je serais d'accord avec toi, si nous participions à un hobby apolitique, un groupe de passionné de voitures anciennes par exemple. Ben, non, il s'avère que nous voguons en pleine mer des idées alternatives à une "politique de papa".
-- "Concernant la communication..." : Je suis désolé que tu le prennes pour toi, étant donné que moi-même je me considère pas comme un citoyen lambda; j'ai choisi une vie publique et je ne serai jamais un "simple" citoyen. Tout au plus, avec cette chance , cette spécialité, je dois m'évertuer à trouver les outils simples pour que les personnes qui ne cherchent pas une vie publique, puissent se mettre autour de la table en sentiment d'égalité. Rien ne sert de se draper d'un voile pudibond sur ce sujet là car, soyons intellectuellement honnête, si on commence à tout ramener tous les discours à ce genre considération égocentrique, alors, on est pas près de sortir des discours populistes des nos chers politiques: "et mois aussi je suis un homme" "et moi aussi je suis un être vivant "" et moi aussi je suis" pour justifier qu'on ne cherche en aucune manière le moyen d'impliquer le plus de monde concerné dans un débat large. (encore une fois Corrine: loin de moi l'idée de charger mais j'aurais rétorqué ceci à toutes personnes qui aurait eu la même réaction que toi).
Pour conclure, j'aimerais que ce débat réponde aux questions que je me pose. Et, pas juste subir la critique.
Merci, pour ta réponse Corrine.
En préambule :
Je tiens juste à répondre quelques lignes à cette conversation, parce que j'y ai lu des choses qui m'ont interpellé.
Paradoxalement, c'est ce même genre de choses qui rendent impossible mon engagement actif dans un groupe tel que le groupe Stratégie.
Pour commencer, Sifiane, je ne ferais pas le même diagnostic sur le mouvement que toi. A te lire, j'ai l'impression qu'on ne vit pas du tout le même mouvement... et je serais même tenté de dire que ta vision est déformée par le prisme de ton ressenti. Et dès lors, si un tel ressenti est possible, c'est que d'une certaine manière, on rate - collectivement, en tant que mouvement - quelque chose quelle part. A nous de travailler là-dessus, procativement.
Ta première question est une bonne illustration de ce que j'appelle "ressenti". La masse de décisions à prendre pendant les vacances ("autant de décisions") est en fait à mon sens peu ou prou la même qu'à de nombreux autres moment de l'année... L'effet est sans doute renforcé parce qu'après juillet et août vient septembre et que cette période de rentrée souvent bien remplie doit - par conséquent - aussi être bien préparée. Plus fondamentalement, et c'est là toute la difficulté, les "combats" que nous menons ne prennent eux pas de vacances.
Pour moi ta question pose surtout celle de l'engagement, du niveau et du genre d'engagement qu'on peut avoir dans Tout Autre Chose... on doit peut-être prendre davantage ça en considération au sein du mouvement.
J'en profite pour faire une digression linguistique mais qui, je pense, à son sens parmi les questions que tu poses :
En plus d'être parfois dédaigneux, parler de "citoyen lambda", est toujours réducteur. On gagnerait selon moi beaucoup à envisager plutôt les citoyens dans leur globalité et dans leur diversité, plutôt que de vouloir les convoquer, les réduire à une sorte d'archétype artificiel. Au même titre, parler de "citoyens vrais" sous-entent qu'il existerait de "faux citoyens". J'étais au dernier comité de coordination et à aucun moment, j'ai eu l'impression que le mouvement était "dirigé" par qui que ce soit. Les groupes que tu cites étaient même en minorité parmi les présents ce jour-là.
Je ne ressens pas non plus "la suggestion des manières de penser, d'agir et de débattre" dont tu parles. Encore moins "des conseils des coordinateurs de mouvement". Je suis surtout actif à la locale de Saint-Gilles... et la mobilisation locale va relativement bien, merci. On avance pas à pas, comme on peut, sans trop se mettre de pression, si ce n'est celle qu'on consent collectivement. On s'écoute, on apprend en faisant.
Et si parfois, je suis amené à prendre la parole pour Saint-Gilles et pour le groupe Finance, c'est surtout parce que à certains moments, on manque de personnes disponibles, et/ou volontaires pour les "trucs plus chiants" (mais indispensable quand il s'agit justement de "faire mouvement"). Si davantage de personnes s'engageaient, ça permettrait à d'autres d'en faire moins, et sans doute aussi de faire mieux. Ca viendra progressivement.
Par contre, oui on doit s'améliorer dans notre efficacité à toucher davantage de gens, issus de l'ensemble de la population. On doit aussi sans cesse prendre garde aux "travers de réunionites" qui sont à l'opposé de la société qu'on souhaite. Mais là encore, je ne pose pas la question dans les mêmes termes que toi. Le "pourquoi" m'intéresse moins que le "comment". Et j'espère qu'on aura l'occasion de discuter bientôt d'un comment concrètement, constructivement, améliorer notre mouvement.
....Pour commencer, Sifiane, je ne ferais pas le même diagnostic sur le mouvement que toi. A te lire, j'ai l'impression qu'on ne vit pas du tout le même mouvement... et je serais même tenté de dire que ta vision est déformée par le prisme de ton ressenti. Et dès lors, si un tel ressenti est possible, c'est que d'une certaine manière, on rate - collectivement, en tant que mouvement - quelque chose quelle part. ...
bastien, tu dis ce qu'il fallait dire...dommage que nous soyons nombreux a avoir ce meme ressenti et qu'il soit nié par certains.
c'est par hasard que je tombe ci-dessus, comme quoi il n'y a pas de hasard ou... qu'il fait bien les choses car je ne lisais plus vos interventions, car trop démotivée par TAC dans son fonctionnement global.
je regarde de loin comment vous evoluez et jai l'impresion que c'est 1 pas en avant et 2 pas en arrière quand au fait d'accueillir chacun avec ce qu'il est, et sa diversité...
merci a sifiane d'avoir dit son ressenti,
domido: fam-artiste pour vivatomium.be les ateliers d'imaginactions citoyennes
Domido, comprends-moi bien : le ressenti ne doit pas être nié, mais intégré et questionné.
Par contre, un ressenti ne doit pas tout remettre en question pour autant. Juger l'ensemble d'un mouvement sur cette seule base est une erreur selon moi.
Salut à vous ! :-)
Pour la question du cumul : quand il y en a dans TAC, ce qui est assez rare, c'est quasi toujours car une des tâches voulue par personne d'autre. Car la plupart des fonctions dans notre mouvement, ce ne sont pas des fonctions honorifiques comme ailleurs (on a pas de président ou quoi), mais plutôt des tâches de l'ombre peu gratifiantes. C'est d'ailleurs un des seuls mouvements où être au bureau est suffisamment ingrat pour qu'il y ait trop peu de candidats.
Par contre c'est vrai que tous les gens du bureau sont membres de quelque chose d'autre (une locale, un groupe ou une assoç). Peut-être parlais-tu notamment de cet organe ? Lors de la réforme de la démocratie on l'a pensé comme ça en tous cas, c'était voulu. C'est un garant pour que les gens du bureau ne soient pas déconnectés d'où se fait la vie du mouvement, mais soient bien au courant des différentes sensibilités. Par ex. je suis au bureau et à la locale LLN. A part ce lien bureau-ailleurs, je ne vois beaucoup de gens qui ont plusieurs casquettes dans TAC. Par exemple l'équipe finance et l'équipe bureau sont complètement dissociée. Ou la personne qui propose les ordres du jours du comité de coordination est différente de la personne qui va l'animer, (alors que dans quasi toutes les assoç c'est la même). Il y a fort une volonté de décumul et de rotation des tâches, pour éviter qu'on s'encroûte!
Et alors pour terminer, juste dire que je suis tout à fait d'accord avec la remarque de Neitsab, quand il dit que plus le mouvement grossira, plus il y aura un partage des tâches. Plus les locales prennent de l'importance et grandissent, plus la démocratie s'approfondit. Par ex. je trouve super que deux des locales bruxelloises aient pris en main les réunions d'organisation de la Parade, plutôt que le bureau comme l'an passé. j
@Sifiane Je comprend tout-à-fait tes étonnements et questionnements... les ayant moi-même ressentis et n'ayant pas réussi à susciter un débat large et serein sur les sujets que tu abordes.
@Tou-te-s Un nouveau groupe s'est formé: "Tout Autre Démocratie", qui se propose de réfléchir à une possible organisation parfaitement démocratique de TAC, dans ses composantes et dans son ensemble, ainsi que de la société en général.
Les quelques personnes qui le composent actuellement s'emploient à lui construire des bases solides et à le doter d'outils qui lui permettront de s'élargir à tout le mouvement.
Si vous souhaitez les rejoindre dans ces tâches préalables, vous êtes invité-e-s à la réunion qui se tiendra ce vendredi 9/9 à 17h30, au 188, rue de la Poste à Schaerbeek(pas loin de la Gare du Nord). La seule condition d'admission est d'être signataire de l'appel de TAC.
En espérant que ceci répondra aux attentes de nombreux-ses d'entre vous!