Liège - groupe démocratie

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Principes pour une structuration démocratique

Principes pour une structuration démocratique

Une fois que le mouvement aura cessé de s’accrocher à l’idéologie de "l’absence de structure", il aura la possibilité de développer les formes d’organisation qui seront davantage en accord avec son fonctionnement. Ce qui ne veut pas dire que nous devions rejoindre l’extrême inverse, et imiter aveuglément les formes traditionnelles d’organisation, mais nous ne devons pas non plus toutes les rejeter avec le même aveuglement, certaines des techniques traditionnelles seront utiles bien qu’imparfaites, d’autres nous donneront une idée de ce que nous devons ou ne devons pas faire pour atteindre des objectifs déterminés avec un coût minimum pour les personnes qui composent le mouvement. Par-dessus tout, nous devrons essayer différentes formes de structuration et développer différentes techniques à utiliser dans différentes situations. Le système de tirage au sort est l’une des idées qui sont nées dans le mouvement ; il n’est pas applicable à toutes les situations, bien qu’il soit utile dans quelques-unes. Il faudrait plus d’idées pour développer une structure, mais avant de commencer toute expérimentation intelligente, nous devons accepter l’idée qu’il n’y a rien de pernicieux qui soit inhérent à la structure elle-même, il n’y a de pernicieux que sa présence excessive. Pendant que nous débutons ce processus d’essai-erreur, nous pouvons garder en tête certains principes qui sont fondamentaux pour toute structuration qui aspire à être à la fois démocratique et politiquement efficace.

Ces principes sont :

1. La délégation, par des méthodes démocratiques, de formes spécifiques d’autorité, à des personnes concrètes et pour des tâches délimitées. Permettre que certaines personnes assument des travaux ou des tâches par défaut ne veut pas dire que celles-ci ne seront pas réalisées sérieusement. Si une personne est sélectionnée pour accomplir une tâche, de préférence après qu’elle ait exprimé son intérêt et sa volonté de la mener à bien, elle prend un engagement qui ne peut être facilement ignoré.

2. Exiger des personnes à qui une autorité a été déléguée qu’elles soient responsables devant celles qui l’ont élue. De cette manière le groupe garde un contrôle sur les personnes qui se trouvent en position d’autorité. Des individus isolés exercent un pouvoir mais c’est le groupe qui a le dernier mot sur la façon sont ils doivent l’exercer.

3. La distribution de l’autorité au plus grand nombre de personnes raisonnablement possible, ce qui empêche que ne se crée un monopole du pouvoir, et exige des personnes qui se trouvent à des postes d’autorité qu’elles en consultent beaucoup d’autres dans leur exercice de cette autorité. Cela permet également à beaucoup de gens d’acquérir une responsabilité sur des tâches spécifiques, et ainsi, de se développer en différentes facettes.

4. Rotation des postes entre différentes personnes. Désigner une personne à un poste parce qu’elle suscite la sympathie quand elle s’y trouve, ou gêner son travail parce qu’elle n’en suscite pas, ne profite à long terme ni au groupe ni à la personne en question. La capacité, l’intérêt et la responsabilité doivent être les critères qui comptent dans une telle sélection. En ce sens, il faut favoriser des opportunités pour que les gens acquièrent de nouvelles capacités, mais la meilleure façon d’y arriver passe par un "programme d’apprentissage", et non par la méthode qui consiste à "se jeter à l’eau pour apprendre à nager". Assumer une responsabilité que l’on ne maîtrise pas est démoralisant, et à l’inverse, se trouver dans une liste noire pour agir correctement n’est pas très encourageant pour développer ses facultés. Tout au long de l’Histoire, on a empêché les femmes d’agir de maniére compétente, et il n’est pas nécessaire que le mouvement reproduise le même processus.

5. Diffusion de l’information à tout le monde, le plus fréquemment possible. L’information est pouvoir. L’accès à l’information augmente le pouvoir individuel. (...) Plus on en sait sur le fonctionnement de quelque chose et plus on a d’information sur ce qui se passe, plus l’efficacité politique des membres du groupe est grande.

6. Accès égalitaire à toutes les ressources dont le groupe a besoin, ce qui n’est pas toujours faisable. Bien qu’une membre qui entretient un monopole sur une ressource nécessaire (un labo-photo, une photocopieuse à laquelle elle a accès par le biais de son mari...) doive se proposer, elle peut conditionner l’accès à cette ressource de manière excessive. Les connaissances des différentes membres peuvent être équitablement accessibles si ces dernières sont disposées à les apprendre aux autres, à échanger du matériel, etc.

Si ces principes sont appliqués, il est garanti que, quelles que soient les structures développées par les différents groupes du mouvement, celles-ci restent contrôlées et répondent face au groupe. L’ensemble des personnes qui se trouvent à des postes d’autorité sera vaste, flexible, ouvert et temporaire. Elles ne pourront pas institutionnaliser leur pouvoir parce que les décisions seront prises par l’ensemble du groupe en dernière instance. Celui-ci aura la possibilité de décider des personnes qui exercent l’autorité en son sein.

Jo Freeman

Démarré par Ugo Crespini dans Liège - groupe démocratie 25 avril 2016 00:22

Je pourrais par ailleurs ajouter à cela, de mon expérience actuelle du comité de coordination de TAC, qu'aucune décision ne peut être considérée comme ayant été prise si au moins l'une ou l'autre des questions suivantes n'a pas été émise au préalable par la personne ayant la charge de l'animation de la réunion: "Etes-vous tous d'accord pour que ..." (recherche de consensus) ou "Quelqu'un a-t-il des objections à ce qu'on décide que..." (consentement socio-/holacratique).

André Leclercq 4 mai 2016 13:00
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