Nous disposons maintenant du texte complet du Manifeste. Vous pouvez commenter ce texte jusqu'au 8 mars sur cette page ou sur Framapad.
Dans cette nouvelle version, seuls les points 3 et 5 sont différents de la précédente version. Les remarques faites par rapport aux autres points doivent encore être incorporées.
Voici ce que j'en pense:
Je ne suis pas vraiment partisan de l’approche consensuelle. C’est pourquoi après avoir constaté la volonté de mettre sur pied un texte consensuel « dénominateur commun » dans le compte rendu de la dernière réunion de Tout Autre Ecole, j’ai approché le manifeste avec une certaine appréhension. Force est de constater toutefois, à mon étonnement, que le texte ne me paraît pas si consensuel que ça. Et pour cause, la simple opposition au discours dominant actuel constitue de mon point de vue une volonté de briser un certain consensus. Je dirais même que l’adhésion au texte suppose une position anti-(néo)libérale, voire anticapitaliste à bien des égards.
Dans l’ensemble d’ailleurs, il s’agit d’un très bon document. Bien structuré, je trouve que les titres et résumés positionnés à côté de chaque paragraphe facilitent grandement la lecture (et relecture) du texte. S’il est assez abordable, je pense toutefois qu’il s’adresse surtout à une population plutôt intellectuelle (difficile de faire autrement).
Ceci dit, si je partage les principes qui constituent les finalités, contenus et méthodes de l’enseignement, je pense tout de même qu’on risque de faire le même reproche que celui qui est fait au décret missions : celui d’être relativement flou. Un effort de précision des principes généraux est clairement visible, mais il faut reconnaître qu’ils laissent toujours un ensemble de possibles très large. Ainsi, on se préserve de « décrire de manière détaillée », on se tient à des « principes essentiels » pour déterminer les méthodes pédagogiques. Sans doute volontaire dans une certaine mesure, cette position ne permet pas de brouiller le fait que tous ceux qui se reconnaissent dans le texte ne partagent peut-être pas les mêmes horizons (voire des horizons incompatibles ?). Je ne suis pas favorable à un manifeste programmatique détaillé, mais je pense qu’il est possible de se préserver de certaines critiques malveillantes en écartant celle qui est adressée (légitimement) au décret missions.
Par ailleurs, partisan d’une école publique, je suis étonné de constater la réticence avec laquelle est abordée la question des structures, surtout si on prend en compte la radicalité avec laquelle sont attaquées certaines institutions du monde scolaire. Quelle serait la vertu de préserver des réseaux d’enseignement qui contribuent aussi à générer des inégalités ?
Finalement une remarque concernant la partie « se mettre en marche », tout en prenant en compte le fait qu’elle n’est pas encore finalisée. J’ai l’impression que la focale est très orientée vers l’action locale, voire individuelle, au détriment de l’action collective et politique. Plus encore, l’action politique est fortement axée sur le « lobbying politique », sans qu’il ne soit par ailleurs mentionné le rôle l’action partisane (dans un Tout Autre Parti ?) ou syndicale.
Comme pour l'Appel,comment trouver le texte complet du Manifeste 2.3?
Etienne Delvaux a déposé le texte "Rêve d'école" dans l'onglet fichiers (c'est ici, juste "à côté").
Le Manifeste 2.3 est téléchargeable ici.
Charles Pepinster a transmis l'avis suivant (et accepte qu'il soit diffusé ici) ;
Bravo, bravissimo pour ce manifeste.
Deux avis :
J'apprécie le couple 'fraternité' et émancipation très bien argumenté.
Au plaisir de collaborer avec vous
Yvette Deheusy a transmis l'avis suivant (et accepte qu'il soit diffusé ici):
J’ai lu, d’abord attentivement, puis un peu rapidement le document au sujet de l’école. J’ai été très intéressée de lire quel type d’hommes et de femmes vous cherchez à promouvoir à travers l’école. C’est enthousiasmant.
Mais pris dans sa globalité, c’est très à contre-courant de la société capitaliste actuelle et de l’attente des parents qui désirent que leurs enfants aient les meilleures chances ( c’est-à-dire soient compétitifs) pour obtenir une bonne place dans la course au boulot qui se raréfie. Les enseignants (beaucoup d’entre eux) sont pris aussi dans ce système.
Les quelques essais de démocratisation (comme les demandes d’entrée au secondaire un peu réglementées et très contestées par beaucoup de parents) ont déjà peine à voir le jour.
Je verrais ce type d’école démarrer comme les écoles Freinet par exemple ( par certains convaincus). Pour arriver à généraliser, il faudrait une révolution culturelle me semble-t-il. Mais c’est comme une utopie un pas vers un autre monde.
Bonjour à toutes et tous,
d’abord je tiens à vous remercier et à vous féliciter pour le travail accompli.
Mes idées et mes aspirations (de parent et d’enseignant potentiel) se retrouvent bien dans le texte.
Je crois même que je pourrais être motivé à travailler au sein d’un établissement de type « tout autre école » telle que rêvée.
La structure du manifeste avec l’enchainement des idées et certains effets d’entonnoir me semble cohérente et j’apprécie la mise en exergue des idées principales via les notes en rouge côté droit. La comparaison avec les idées et le contenu du décret mission me semble très judicieux.
J’ai du mal à me sentir compétent pour ou autorisé à critiquer ces textes, néanmoins, j’aimerais attirer l’attention sur les points suivants :
— Il me semble qu’il manque une présentation succincte du mouvement « Tout Autre École » dans sa dimension mouvement citoyen et groupement participatif (le manifeste n’étant pas destiné qu’aux personnes déjà impliquées et informées).
— À la lecture du manifeste, il m’a semblé qu’on définissait bien les finalités du mouvement/groupement « Tout Autre Ecole », mais que le but du manifeste en tant que tel n’était pas clarifié. Le manifeste est-il destiné à fonctionner comme une pétition et à être signé par un maximum de personnes pour donner un signal fort aux décisionnaires politiques ? Est-il destiné à être remis aux pouvoirs publics ? Est-il une réponse aux conclusions du groupe de réflexion sur la réforme de l’enseignement ?
— La lecture du manifeste est longue et parfois ardue. Le langage utilisé est pertinent, mais complexe. Il me semble donc que, malheureusement, comme — partiellement — lors du processus des rencontres, le mouvement « Tout Autre École » parait élitiste dans sa forme alors qu’il se veut au contraire ouvert à tous et attentif aux exclus du système actuel. Certes l’accroche permet de rendre les idées du manifeste plus accessibles, mais est-ce suffisant ?
— L’accroche comme le manifeste restent d’une forme fort académique alors que la « Tout Autre Ecole » voudrait privilégier d’autres types de langages. J’avoue ne pas trop voir comment nous pourrions pallier à ce problème pour le manifeste en tant que tel. Mais j’espère que nous aurons la motivation et les ressources pour traduire ce texte rassembleur en illustrations, vidéos et textes lus destinés à ceux qu’une longue lecture rebute.
— La critique du néo-libéralisme me semble justifiée. Mais je crois qu'il est "risqué" de laisser entendre (cfr section 1 lignes 30 à 33) qu'une "meilleure" économie n'est pas désirable. Personnellement je pense que l’un de nos objectifs devrait être de replacer notre économie parmi les meilleures du monde. Meilleure, pas au sens performance évidemment, mais plutôt au sens de juste, équilibrée, solidaire, créatrice de « plein emploi » et de bonheur, verte, bleue (Gunther Pauli), circulaire, locale, respectueuse de la nature, des ressources et des êtres humains. Il faut faire attention à ne pas donner l’impression qu’une « Tout Autre École » mène au marasme économique.
Thierry
Bonjour à tou-te-s,
Dans le nouveau chapitre, « Nous détourner d’un horizon sans lendemain » avec lequel je suis en accord dans ses implications sur le terrain, la référence à l'utilitarisme me pose cependant problème au niveau du terme employé.
Qu'est-ce qu'il faut entendre exactement par utilitarisme ? Je ne vois pas où il y a anguille sous roche à ce que la plupart des cours soient utiles, de manière directe ou indirecte, dans la vie future de l'enfant. Personnellement, j'ai eu la chance d'avoir mes études secondaires dans un athénée qui avait mis en place dans les classes supérieures certaines méthodes pionnières à l'époque, comme la possibilité d'avoir un choix d'options plus vaste que dans l'enseignement purement traditionnel. J'ai combiné alors « mon » utilitarisme et un désir de « tout autre chose » - déjà à l'époque ! - en abandonnant le latin pour choisir en options l'allemand et la sociologie (donnée avec une approche un peu particulière) !
Par ailleurs, dans l'enseignement supérieur non-universitaire, le contenu de certaines matières – je pense en particulier à l'informatique – est souvent déjà dépassé au moment où il est donné...
A moins que tout tourne autour d'une question de mots ! En effet, quand il s'agit de savoir en quoi se traduit pratiquement l'utilitarisme dans le système scolaire, je lis ce qui suit :
« Quant à l’utilitarisme, il pénètre au coeur du coeur de l’école, dans la dynamique d’apprentissage elle-même, bien plus aimantée par la echerche d’une réussite à 50 % et l’obtention d’un diplôme que par la soif 66 d’apprendre. »
Ce avec quoi je me sens parfaitement en accord et qui me paraît bien plus concerner plus le système de sélection avec l'évaluation certificative - « l'évaluationnite » dont il est largement question ailleurs dans le manifeste - que l'idéologie utilitarisme.
Par rapport aux autres contributions de cette discussion :
Fraternité au lieu de solidarité ? Je préférerais les mettre ensemble. Et les féministes ajouteront « sororité » !
Manifeste pas consensuel ? Sûrement pas dans l'ensemble des avis qui existent vis-à-vis de l'école dans la société belge! Mais au sein de notre groupe, j'ai le sentiment que « cela fait plutôt consensus », non ?
Ce qui n'empêche pas qu'ils puissent y avoir certaines dissensions en notre sein, concernant les écoles alternatives ou la notion de société égalitaire, mais elles me semblent plutôt mineures par rapport au reste !
Enfin, je rappelle que je partage l'essentiel des préoccupations de Thierry (avec des réserves concernant le dernier paragraphe) quant à la forme. La seule chose que je peux d'ailleurs reprocher, sur le terrain, au processus des ateliers de l'automne, c'est qu'à quelques exceptions près, il ait essentiellement rassemblé des acteurs ou de futurs acteurs du monde de l'enseignement...
Bravo pour ce remarquable travail et ce texte très inspirant ! Au sein de l'asbl Les Pédagonautes, nous nous sentons vraiment en phase avec toutes ces idées, qu'on essaie de concrétiser dans un projet d'école secondaire communale à Saint-Gilles. Notre intention n'est justement pas de créer une école expérimentale de plus, mais de susciter, à travers ce projet, des échanges et des actions communes... Au plaisir de rencontrer les un·e·s et les autres à la Parade du 20 mars ou aux prochains ateliers TAE !
TAE Charleroi, en réunion ce 26/02 dit :
Une idée pour tenter de "vulgariser" le propos du manifeste (à envisager pour la suite ?) :
Pourrait-on imaginer mettre en avant des situations toutes simples de la vie courante ? Exemple : le témoignage d'une mère qui dirait : "pour moi, peu importe si mes enfants sont éleveurs de moutons, l'important c'est qu'ils soient heureux, épanouïs et qu'ils aient une tête bien faite, qui leur permette de comprendre et d'agir sur et dans la société". Il nous semble que ce genre de petites phrases, toutes simples et compréhensibles par tous, illustre bien les valeurs que veut défendre le manifeste (tout le monde a sa place dans la société, l'idée de bonheur passe avant celle de compétition, ...).
Comment mettre ce genre de communications en avant ? Devons-nous diffuser notre message sur les réseaux sociaux, créer des vidéos pour un compte YouTube propre à Tout Autre Ecole ? ... Qu'en pensez-vous ?
Dernier point : ne serait-il pas temps de nous mettre en relation avec les autres associations (CGé, APED, enseignons.be, InforJeunes, école Freinet, Montessori, Decroly, ...) qui existent déjà depuis longtemps et remettent en question le système scolaire ? C'est en effet très bien d'avoir beaucoup de mouvements qui s'inscrivent dans une critique des faiblesses du système actuel et propose des alternatives mais notre voix ne porterait-elle pas plus fort et de manière plus légitime et construite si elle était partagée par l'ensemble de ces acteurs ? Nous proposons donc une autre idée pour la suite : nous mettre en relation avec les autres associations pouvant s'accorder avec notre manifeste pour continuer à construire et diffuser la suite ...
J’ai fini aujourd’hui la lecture de la version 2.3 du manifeste. C’est un travail impressionnant et remarquable.
Les éléments que j’ai aimés
A propos de la partie 5 « Nous mettre en marche ».
Suggestion d’amélioration
Les éléments qui m’ont dérangé, que j’ai moins aimés
A propos de la partie 1 « Contrer le discours dominant » (pp. 1-2).
A propos de la logique de « combat à l’échelle du système » (p. 9, lignes 76-77).
Je repreoduis ici la synthèse de l'atelier Manifeste de Liège (voir fichier)
De manière générale, on se rend bien compte du travail qu’il y a eu derrière pour arriver à cela et on retrouve bien les idées des débats, notamment celui du 27/09/2015. La volonté était d’avoir un texte consensuel pour les personnes qui ont participé. Par contre un certain nombre de points posent problème ou question.
Le vocabulaire et les concepts utilisés devraient être plus accessibles
Les phrases sont également trop longues. Les petits paragraphes par contre sont chouettes. Le style est trop scolaire.
Les termes utilisés sont issus des discours psychopédagogiques (très « enseignant » et ne ressemblent pas à tous les mots qui ont été utilisés par les participants lors des débats. Il manque la parole populaire.
Le ton trop politique, clivant et moralisant voire caricatural
Surtout en entrée de document. Du coup, on risque de perdre certains lecteurs dès le début de la lecture. Dont notamment les politiques qui pourraient s’en inspirer.
Etre contre le discours dominant donne une idée finalement assez négative, un côté guerrier, de compétition. Ethiquement, cela pose problème car on est plus dans une dichotomie : gentils/gentils vs. Méchants/méchants. Le discours doit être beaucoup plus positif et plus cohérent avec la démarche et les idées proposées.
Finalement, le document tombe dans le même travers que les autres documents politiques. Et ne propose pas « autre chose ». Il faut que cela soit plus fin, plus nuancé (confer L’économie Bleue et Gunter Pauli).
Si le « ton » est à revoir, pour certains, le côté politique est cependant important aussi. C’est un manifeste et TAC est un mouvement citoyen mais aussi « politique ». Les citoyens ont participé mais autour des balises de TAC. Il faut une analyse politique et elle doit être en filigrane du reste avec des exemples concrets de ce que le système implique comme conséquences pour les enfants. Il faut une déconstruction réelle du discours politique.
Contextualisation, étapes de travail et origine du projet
Il manque une genèse qui amènerait une humilité au travail, une modestie. Arriver à dire que les gens sont venus, ont participé, que des idées sont sorties mais ce qui en résulte n’a pas vocation d’être parfait.
Absence de l’enthousiasme présent lors de la réunion comme le 27/09/2015
Texte jugé trop négatif pour l’ensemble des gens. Certains souhaiteraient qu’on se focalise sur le positif. D’autres pensent que ce qui ne va pas a été dit et donc doit également être rendu. Il faudrait partir de la parole des gens, expliquer ce qui ne va pas, pourquoi cela ne va pas (politique) et ensuite, comment on peut faire autre chose, en mettant d’accent sur le positif.
On remplace une idéologie par une autre
Notamment via l’utilisation de mot comme : fabriquer/forger/faire, diriger/formaté. Les mots choisis dans le manifeste sont de posture idéologique très dogmatique. Le texte donne cette impression mais cela peut s’expliquer par le fait que nous avons également été formatés et qu’il n’est pas si facile de sortir de nos mécanismes de base.
Le côté « communiste » qui transpire du texte est également gênant, notamment dans le choix des titres. Le texte doit être politique mais plus mesuré.
Le texte tend à montrer qu’on veut tendre vers une autre norme mais est-ce réellement une bonne chose d’aller vers une autre norme ? L’évolution produit des solutions et le fait de s’éloigner d’une norme laisse plus de place à la différence. Même si dans certains domaine, l’adéquationnisme doit quand même peut être exister dans certains domaines.
Le propos est univoque alors que les débats étaient diversifiés et qu’il y a eu des tensions
Restitution de la parole des gens : oui/non/comment
Oui, notamment en utilisant des citations concrètes ».
Quel est le but du document
L’idée c’est que le manifeste vient « figer » le travail fait durant un an dans ce projet. Un manifeste est un positionnement politique et c’est donc un texte fondateur. Dès lors, il ne faut pas se précipiter.
Problème de la signature
Les personnes se demandent pourquoi il faut absolument un document qui doit être signé et surtout trouvent des les délais sont trop courts. En l’état, beaucoup disent qu’ils ne signeraient pas.
Pas suffisamment concret
Il manque des témoignages, exemples concrets de la démarche participative et aussi ne prenant pas en compte les idées d’action proposées. C’est parce que le manifeste sera arrêté à un moment, donc figé alors que les idées, cela doit rester vivant, donc l’idée est plutôt de les mettre dans des fiches pratiques et évolutives.
Structure du document à revoir
Commencer par un contexte et une genèse (notamment la méthode et les hypothèses de départ).
Parler des propositions.
Le positionnement politique.
Voici l'avis tiré de l'atelier Manifeste d'Arlon:
En règle générale, le manifeste est ok, très positif dans l'ensemble. D'après nous, les titres sont trop pessimistes, pas assez mobilisateurs. Nous trouvons également que ce serait sympa d'ajouter quelques bulles genre BD, illustrations humouristiques histoire d'accrocher le lecteur. Nous déplorons l'absence de l'aspect développement personnel.
L'accroche au manifeste est une super idée mais devrait être retarvaillé selon nous. Il manque de clarté et est pourtant un outil indispensable ! Il pourrait servir de base de concertation entre enseignants par exemple.
Titre 2 Nous Unir:
Titre 3: nous détourner (...)
Titre 4: Tendre vers...
Bravissimo pour mettre en réseau les initiatives alternatives à l'école traditionnelle ! Super idée !
Dommage aussi qu'on ne parle pas de tout ce qui est extra scolaire et qui pose énormément de difficultés chez les 2ans et demi - 12 ans. Ils y passent autant de temps qu'à l'école, certains arrivent à 7h15 et repartent de l'école à 18h30 et sont pris en charge par des ALE pas toujours formés. Il y a beaucoup de violence à ces moments là.
Je relaie ce message de Jean-Pierre Kerckhofs, président de l'Aped
Dès la mise en route du mouvement TAE, l’Aped s’est réjouie car nous pensons aussi qu’il faut une tout autre Ecole. Lorsqu’il fut question d’un Manifeste soumis à signature, nous avons également applaudi des deux mains car nous croyons nécessaire d’unir nos forces sur une base claire. Et les premières ébauches de texte nous paraissaient prometteuses. Hélas, la version complète , certes encore provisoire, nous oblige à déchanter.
Bien sûr, tout est loin d’être mauvais dans ce texte. Il y a même du très bon. Ainsi, la volonté de contrer le discours dominant, de s’opposer à ceux qui critiquent l’Ecole actuelle sur une base néo-libérale est salvatrice. De même, la volonté de nous unir malgré nos différences correspond à un besoin. L’identification des trois « courants » - ceux qui luttent contre les inégalités ou contre le formatage ou pour une adaptation des contenus aux défis actuels - nous semble tout à fait correcte. Même si certains peuvent évidemment se retrouver à plusieurs endroits. Il faut en effet viser une alliance entre ces trois courants, c’est-à-dire entre ceux qui critiquent l’Ecole sur une base progressiste. De gauche diront certains (mais peut-être est-ce un pas trop loin pour d’autres ?).
Nous n’avons évidemment pas de problème lorsqu’il s’agit de « nous détourner d’un horizon sans lendemain ».
Fort logiquement, il est plus difficile de se mettre d’accord sur le souhaitable. Il n’est donc pas étonnant que des divergences puissent apparaitre lorsqu’il s’agit de « tendre vers un horizon désirable ». C’est pourquoi nous sommes d’accord avec l’assertion « il est à ce stade prématuré de vouloir décrire de manière détaillée cet horizon : c’est en nous mettant en marche vers lui, en discutant et expérimentant des pistes concrètes qu’il prendra des contours plus précis ». Dans ces conditions, il devrait en effet être envisageable de trouver des dénominateurs communs. Nous avons pourtant la désagréable impression en lisant ce texte que certains tiennent absolument à leurs « vaches sacrées ». Et certaines d’entre elles ne broutent pas une herbe qui nous convient.
Quelles sont donc les questions qui fâchent ?
1° A chaque fois qu’il est question de philosophie, on y associe la spiritualité. Or, la philosophie englobe les différents courants de pensée, les débats et contradictions entre eux. La spiritualité ne correspond qu’à une classe de réponses que certains apportent aux questions de sens. Une parmi d’autres. Pourquoi devrait-elle être privilégiée ? Espère-t-on sincèrement unir la gauche ou pour le moins les progressistes avec des phrases telles que : « l’idée est de partir des questions qui font débat dans la société en mobilisant les réponses disponibles dans diverses traditions philosophiques et spirituelles » ?
2° Les motivations évoquées pour justifier les cours de sciences nous paraissent tronquées. Certes, il s’agit d’interpréter le Monde. Mais les sciences sont aussi un outil de citoyenneté. Comment participer au débat sur la prolongation ou non des centrales nucléaires si on ne sait pas comment fonctionne un réacteur ?, ce qu’est un déchet nucléaire ?, les dangers de la radioactivité ? Comment prendre position sur les OGM si on ne comprend pas ce qu’est un gène ? De même, un certain relativisme transpire des considérations sur les sciences. Or, si les connaissances ont été établies dans un contexte donné, il est faux de laisser entendre que leur validité dépendrait forcément de ce contexte. La science est une des plus grandes conquêtes de l’esprit humain. C’est à partir d’elle que la lutte contre l’obscurantisme et le charlatanisme peuvent être menés. Certes, les dominants de ce monde s’en emparent à des fins très peu reluisantes. C’est précisément la raison pour laquelle il ne faut pas la laisser dans leurs seules mains !
3° Plus globalement, des pans entiers de savoirs et compétences utiles pour appréhender le Monde dans toute sa complexité et toutes ses dimensions semblent avoir été oubliés ou sont à peine esquissés. Quid de l’Histoire ? De l’Economie ? De la géographie ? Des technologies ?
4° Nous ne pouvons pas davantage suivre la critique des langages formels comme les mathématiques. Celles-ci sont une école de rigueur et de rationalité. Elles permettent également d’apprendre à interpréter des graphiques, à comprendre le sens des statistiques. Tout ça est loin d’être secondaire dans une approche citoyenne.
5° La volonté de mettre une sourdine à certaines matières s’explique à notre avis par deux raisons. La première, c’est qu’on constate de grands absents dans l’enseignement actuel. Si on veut les y intégrer, il faudra bien que ce soit au détriment d’autres semble-t-on penser en substance. C’est à notre avis erroné. Pour nous, le temps scolaire doit être repensé à la hausse. Il n’a cessé de diminuer ces dernières décennies. Les jeunes devraient passer beaucoup plus de temps à l’école. Certes pas seulement pour y suivre des cours (concept d’école ouverte). Mais les ambitions cognitives doivent être élevées. Nous ne pouvons par exemple pas rejoindre l’idée que « la solution ne consiste pas à alourdir le programme ». Les programmes ont été très fortement allégés avec l’approche par compétences. Avec pour conséquence la possibilité de « charger la barque » par exemple sous la pression de parents poussant à l’élitisme. Et au contraire celle de limiter les contenus à la portion congrue avec des jeunes de milieux populaires parce qu’ils éprouvent des difficultés. C’est pour nous inacceptable. La deuxième raison est à notre sens pire encore. On constate que beaucoup de jeunes éprouvent des difficultés avec certaines matières. On décrète alors qu’elles ne seraient pas importantes. Avec pour conséquence de laisser des pans entiers de savoirs fondamentaux dans les mains de la seule élite socio-économique ! En réalité, il s’agit d’un mépris pour les jeunes des classes populaires. Au lieu de se battre pour des conditions d’enseignement qui tiennent compte de tout ce qui rend leur apprentissage plus difficile, on suppose implicitement qu’ils ne sont pas capables d’atteindre des niveaux élevés dans certaines branches. Ce qui est tout à fait faux comme on peut le voir dans les systèmes éducatifs plus égalitaires.
6° Nous ne pouvons en aucun cas accepter l’idée de « programmes minimums » à partir desquels, en quelque sorte, tout serait possible. Dans une telle situation, les parents de milieux aisés trouveront toujours, dans et en dehors de l’école, de quoi armer leur progéniture des savoirs et compétences leur permettant de prendre leur place parmi l’élite. Pour les autres, ce sera plutôt le service minimum. Donc l’ignorance. Donc la soumission. Pour nous, il faut au contraire des programmes clairs, cohérents et ambitieux. Ils doivent être imposés par les pouvoirs publics. Les choix seront-ils toujours idéaux ? Certainement pas. Mais au moins permettront-ils des débats de fond sur les savoirs citoyens.
7° Dans le même ordre d’idée, la conception de l’enseignant comme une sorte de coach, qui somme toute n’en sait pas beaucoup plus que ses élèves nous parait tout aussi inacceptable. Oui il y a ou il devrait en tout cas y avoir un fossé (de connaissances s’entend) entre enseignant et enseignés. Oui le prof « sait » et les élèves « ne savent pas » (encore). Laisser croire le contraire est de l’hypocrisie pédagogique. Les jeunes ont besoin d’enseignants qui maîtrisent parfaitement leur sujet. Qui sont capables de leur faire découvrir les pièges à éviter, les contradictions, les origines des savoirs. Bref, qui peuvent permettre à leurs élèves de (re)faire le cheminement nécessaire pour ancrer les connaissances et les compétences. Espérer que ceux-ci vont le refaire spontanément quand ce processus a parfois pris plusieurs siècles, relève au mieux de la naïveté coupable. Sur la question de la formation des enseignants, nous pouvons nous retrouver sur les principes proposés en ce qui concerne les aspects pédagogiques. Mais il ne faudrait pas perdre de vue qu’un enseignant doit aussi être spécialiste de la (ou des) branches qu’il est chargé d’enseigner.
8° Si nous nous retrouvons évidemment dans l’objectif de favoriser des classes hétérogènes, nous ne pouvons admettre l’idée qu’il faille – préalablement – convaincre une majorité de parents et d’enseignants. Pourquoi ne pas mettre en place un nouveau « décret inscriptions » qui organise le principe d’une place pour chaque élève ? Les propositions se faisant avec l’objectif concret et avoué de favoriser la mixité sociale. Lorsque le gouvernement fait voter l’allongement des carrières, il n’y a pas une majorité de convaincus. Ca ne signifie évidemment pas qu’il ne faut pas mener un travail de conviction par ailleurs
9° Autant nous pouvons accepter que la question des structures ne soit pas traitée en long et en large (par exemple parce que nous ne serions pas d’accords sur la meilleure réforme). Autant il est exclu pour nous de cautionner la phrase : « nous croyons que là n’est pas la priorité si l’on veut transformer radicalement l’Ecole ». Nous pensons exactement le contraire !
10° Enfin, si nous pouvons nous retrouver dans l’essentiel du programme de « mise en marche », nous ne pouvons pas acquiescer à la position idéaliste consistant à affirmer qu’un changement de mentalité devrait précéder tout décret. Ces changements ne se produisent pas par miracle. L’Histoire montre que c’est souvent dans les luttes concrètes que les mentalités changent. Par exemple dans les luttes pour des lois jugées nécessaires.
Nous avons estimé qu’il était de notre devoir de mettre ces divergences sur la table. Il ne s’agit pas de points secondaires, mais d’éléments qui sont au coeur de ce que nous considérons comme un projet éducatif progressiste. Nous voulons changer l’école pour que les enfants du peuple accèdent aux savoirs, pas pour les en priver encore plus qu’aujourd’hui. Nous espérons qu’il est encore temps de débattre de ceci, afin d’éviter des désillusions et des déchirements ultérieurs.
Bonjour à tous,
Voici les échos qui ressortent de la réunion de la locale montoise :
1. ÉCHANGE AUTOUR DU MANIFESTE :
FORME :
Impression générale de lourdeur / textes denses à volonté de structurer le texte avec :
FOND :
Pour l’une des participantes, impression générale que ce texte est trop prématuré ; arrive trop vite à difficile à intégrer.
2. LA SUITE
Le net peut être un formidable accélérateur de changements :
Volonté de rassembler lors d’un grand moment tous les membres du mouvement Tout Autre Ecole (par exemple le 27 septembre prochain) et y organiser des ateliers-découverte-débat-expérimentation d’alternatives qui auront été identifiées, valorisées et soutenues en amont.
Bonjour à toutes et tous,
je ne fais pas partie des rédacteurs du manifeste et je conçois bien qu’il ne puisse pas faire l’unanimité et que certains termes ou idées peuvent être compris de différentes manières. C’est ce qui à mes yeux explique en grande partie le long texte de Jean-Pierre Kerckhofs, président de l’Aped qui met en évidence des divergences un peu trop catégoriques à mon sens. J’aimerais donc réagir au sein de cette discussion pour peut-être nuancer les choses (surtout que je ne pourrai être présent à la réunion du 8 mars). Vive le débat.
1°. Exclure les aspects spiritualités reste exclure. S’il y a un cours là derrière, je ne crois pas qu’il faille l’imaginer cours de religion, de morale ou de philosophie, mais un cours qui explore et discute des courants de pensés qu’ils soient philosophiques ou spirituels. Maintenant si le point est qu’il ne faut plus de différences entre réseaux au niveau du traitement de ces aspects, je suis 100% d’accord. Il faut même lutter pour abolir les réseaux.
2°. Je suis d’accord avec ce point : les sciences sont un outil pour comprendre le monde dans lequel on vit au sens large et également découvrir notre propre fonctionnement d’être vivant doté de conscience. L’essentiel pour moi reste néanmoins de cultiver l’esprit scientifique : curiosité, analyse, recherche d’explications, faire la part des choses, la fragilité des paradigmes et surtout apprendre à voir ce qu’il y a derrière, ne pas s’arrêter à la simple apparence.
3°. Ici encore, je suis d’accord. Mais n’est-ce pas ce qu’on entend par faire plus de place aux sciences humaines ? Et n’est-ce pas simplement parce que ces matières et leur utilité profonde ne sont pas remises en question qu’on ne les traite pas nominativement ? Bref, une omission sans plus ?
4°. Étant plutôt porté sur les maths et les sciences, je devrais être d’accord et pourtant ce n’est pas complètement le cas. Je crois qu’il y a actuellement trop d’accent mis sur les mathématiques, la matière est probablement trop vaste et l’utilité de certaines parties me semble avoir diminué. Je crois que l’idée qu’il faut soutenir est une révision de la matière enseignée de manière standard en math lors du cursus primaire et secondaire justement pour se recentrer sur l’essentiel : la rigueur et les outils utiles aux autres cours (sciences, technologie, professionnels...) et essentiels pour bien comprendre les données chiffrées qui sont assénées à tour de bras : statistiques, graphiques, etc.
5°. Il est vrai que là on touche à un problème fondamental : que doit-on garder des programmes actuels et qu’est-ce qui doit y être adjoint. Je pense qu’une tout autre école ne doit pas alourdir le programme dans le sens d’ajouter de la matière aux cours existants, mais doit effectivement l’étendre à d’autres champs de développement du savoir et de la connaissance de soi. Néanmoins, bien que je sois convaincu que chaque est fondamentalement capable et intelligent et que les sois-disant difficultés sont bien souvent l’indication d’une inadéquation entre la manière d’enseigner et la manière qu’a chacun d’apprendre, je crois que l’école du futur doit avoir la sagesse et la souplesse de ne pas imposer à tous le même cursus complet, car chaque élève à des attentes différentes et des centres d’attraction différents. Et qu’il est erroné de croire que tous puissent se révéler et découvrir leurs potentialités dans un cursus unique pour tous.
6°. Je crois qu’ici le terme minimum est peut-être mal choisi ou mal interprété. Il faudra de toute manière s’accorder sur le programme commun qui doit être imposé et sur les possibilités qui sont offertes autour de ce tronc au sein et en dehors de l’école. Le fait que le manifeste parle d’un tronc commun étendu au niveau des années qu’il couvre montre bien, pour moi, la volonté d’une école moins ségrégationniste. Un horaire plus étendu aussi permet d’intégrer d’autres matières et d’autres perspectives. Le minimum en question est donc, à mon sens là, où s’arrête l’ensemble de ce que tout étudiant doit avoir vu, expérimenté, vécu sans y voir un nivellement par le bas.
7°. L’enseignant « expert » est-il souhaitable ? Un expert a tendance à parler comme un expert et donc à parler à une élite. D’autre part, l’accès à l’information a tellement changé que les élèves peuvent effectivement se passer du professeur pour obtenir les renseignements. Le problème est qu’ils ne savent pas toujours les comprendre et les interpréter judicieusement. Le rôle de l’enseignant n’est-il pas de ce fait en train d’évoluer d’un dispensateur de savoir vers un accompagnateur qui permet aux étudiants de se forger une méthode de raisonnement, d’analyse, de compréhension, d’esprit critique ? Et d’un coach qui manie les différentes méthodes d’apprentissage afin de rendre ses élèves autonomes et dotés d’une méthode de travail adaptée à leur mode de fonctionnement ? Bien entendu selon les matières ce rôle est différent et les approches variées. Pour moi, en primaire l’enseignant doit être généraliste, en secondaire il doit être une ressource (matière et interprétation) et donc connaître sa matière dans les grandes largeur mais pas absolument en profondeur. Pour les cours professionnels, en école supérieure et à l’université, au contraire, l’enseignant me semble devoir être une référence et connaître sa matière – ou sa profession — en profondeur. L’essentiel à mon avis est surtout que tout le corps enseignant soit expert en méthodologie et pédagogie afin de donner un enseignement adapté à tout un chacun.
8° et 9°. Vaste débat que celui de savoir s’il faut imposer ou convaincre. Personnellement, je crois qu’imposer serait contraire aux valeurs de Tout Autre Chose et Tout Autre Ecole. De plus, l’enseignement tel qu’il est imposé actuellement ne me satisfait pas et j’aurais du mal à adhérer à l’idée qu’on en impose un autre à travers le mouvement de Tout autre Ecole. De plus, comme il est précisé dans le manifeste, ce qui est visé est un système scolaire pérenne ce qui ne me semble possible qu’à condition qu’il soit adopté volontairement par une majorité des acteurs (enfants, parents et enseignants). Sans oublier que notre mouvement est un mouvement citoyen et que le processus est collaboratif, deux options qui excluent à mon sens l’imposition de quoi que ce soit. Alors la priorité n’est-elle pas de faire grandir le mouvement, obtenir l’adhésion de plus en plus de monde et de débattre plutôt que de réformer les structures ? Même si, j’en suis parfaitement conscient, l’urgence est là, car l’injustice et l’exclusion pourrissent le système actuel.
10°. N’est-ce pas idéaliste également de croire qu’un nouveau décret pourrait être en ligne avec nos idées (celles récoltées au gré des rencontres TEA) alors que notre société est imbibée des (ou shootée par) idées néo-libérales ? Ne faut-il pas d’abord voir émerger d’autres idées, une autre mentalité, une autre conscience, d’autres courants politiques avant d’espérer qu’un bataillon d’experts désignés puisse accoucher d’un décret véritablement révolutionnaire ?
En définitive, je crois qu’à ce moment c’est l’objectif commun qui doit constituer le corps de manifeste et qui doit être l’objet de la signature et non les termes qui sont utilisés dans le texte. L’objectif doit donc être clairement défini et être univoque. Le reste n’est que de l’habillage (et les goûts et les couleurs en matière vestimentaire…) en fin de compte. Il faut aussi que le manifeste ne soit pas présenté comme un produit fini mais bien comme un « work in process ». En fin de compte, doit-on être d’accord sur tout pour se montrer solidaire du mouvement et faire gonfler son grognement de notre voix ?
Cordialement.
Comme c'est difficile de rassembler !
La diversité des demandes de changements autour du texte est aussi instructive à lire que le texte lui-même. Il faut probablement choisir entre:
Le problème avec la première proposition est qu'elle n'est pas à l'abris du "design by committee" que l'enseignement ne connait que trop bien: chacun veut qu'on parle de "son sujet" (savoir-être, capitalisme, compétition, réseaux, etc.) et le drapeau devient une lourde tapisserie. Ce n'est pas le cas avec ce texte, malgré les demandes, heureusement.
Courrage.
merci pour ce travail de recueil et diffusion d'idées alternatives
je ne participe pas plus activement à l'action mais suis les travaux. voici mon commentaire à ce stade :
je rejoins l'observation du Groupe TAE Liège (et autres) :
"On remplace une idéologie par une autre. Notamment via l'utilisation de mots comme : fabriquer/forger/faire, diriger/formaté. Les mots choisis dans le manifeste sont de posture idéologique très dogmatique. [...] Le côté « communiste » qui transpire du texte est également gênant..."
Reconnaissant aussi que "Le texte doit être politique...", ce serait bien que le doc ait une posture plus large : la société alternative auj bénéficie d'une adhésion qui va bien au-delà des 'anciennes idéologies' et il ne faudrait pas la perdre en route!
D'accord avec toi pour le coup John, difficile de rassembler.
Un peu surpris de la réaction de l'APED qui semble "taper fort" sur TAE, alors qu'on devrait plutôt être alliés vu nos visées communes. Maintenant si l'APED, dont je suis membre, a certains désaccords, les exprimer est normal et souhaitable et en parler nécessaire ...
A ce sujet, je rejoins assez l'avis de Thierry, qui me semble plus nuancé, plus dans la recherche d'un accord sur une base commune. J'ai un peu de mal avec certaines des conceptions pédagogiques avancées dans le mot de JP Kerckhofs qui me semble insister sur "les savoirs", "le maître expert", ... . L'apprentissage par compétences ne veut pas dire l'abandon des savoirs, au contraire, (même si c'est peut-être ce qui a tendance à se passer dans certaines classes à l'heure actuelle). Mais par contre l'allègement des programmes me semble nécessaire si l'on veut "faire de la place" à des savoirs plus "citoyens", qui permettent de comprendre et d'agir sur et dans la société ... Je suis prof de math dans le secondaire inférieur et pourtant je trouverais tout à fait normal que certaines parties du programmes "disparaissent", ou qu'en tout cas elles ne soient pas imposées à l'ensemble des élèves. Pourquoi ? Parce que de nombreuses parties de ces programmes constituent encore de la transmission de savoirs pures et dures, dont certains sont certainement moins utiles que d'autres savoirs (ou compétences), plus généraux, et qui permettre de développer l'esprit critique et citoyen de l'ensemble des élèves. Je suis surpris aussi de la proposition du rallongement de la journée scolaire quand je sais qu'en Finlande, l'obligation scolaire va de 7 à 16 ans, et que les journées commencent à 8h pour se terminer à 13, 14 ou 15h ...
J'espère ne pas paraître trop "virulent" dans ma réponse car elle est faite très amicalement ;-)
Et comme on dit à Charleroi : "betch à tous" ^^ ;-)
Charles Pepinster (Groupe belge d'éducation nouvelle, gben.be) me demande de transmettre l'avis suivant :
Je viens de relire le Manifeste ainsi que les longues réflexions qu'il suscite. Cette réactivité des lecteurs est bon signe, signe d'un urgent besoin d'améliorer l'enseignement.
A mon avis la mise en oeuvre des excellentes idées de TAE est à portée de main... des professeurs en tout premier lieu, demain dans tous les cours, sans attendre.
Pour avoir conduit des stages d'initiation à l'Education Nouvelle pour les professeurs en Amérique Latine (18 fois), en Afrique, en Europe, j'affirme que nous vivons, en Belgique dans un pays de Cocagne pédagogique : nous avons des libertés d'action dans les méthodes assurées par le Pacte Scolaire du 29 mai 1959, des normes d'élèves parmi les plus favorables du monde (cf le journal Le Soir du 24 avril 2014 : "C'est surtout dans le secondaire que la Belgique présente des taux d'encadrement exceptionnels : 9,4 élèves par professeur en moyenne"),des élèves qui mangent à leur faim, ont des chaussures, ont des parents sachant lire, écrire, calculer, qui disposent de sources d'information gigantesques.
Chez nous, tous les enseignants sont capables de se désintoxiquer, de se débarrasser de leurs carcans.
En annexe (voir les fichiers "Dis" et "Cure de désibntoxication" dans l'onglet fichier), je joins des textes qui peuvent aider à une prise de conscience pour ensuite enclencher des pratiques pédagogiques émancipatrices. Nous devons, dans toutes les écoles, former des citoyens fraternels et créatifs, sans peurs, dont le Futur aura de plus en plus besoin face aux terribles menaces sur notre espèce.
Le Prix Nobel de la Paix Nelson Mandela disait : "L'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde"... or celle-ci est entre les mains des enseignants surtout.
Ensemble, nous pouvons (nous avons ce pouvoir formidable de) mettre en place une tout autre école qui fera le bonheur des professeurs libérés, donc de leurs élèves et de la société tout entière.
Michèle Goslar me demande de transmettre l'avis suivant :
(Il y a quelques erreurs orthographiques à la fin du Manifeste... peut-on les corriger. Je suis ancien prof de français!)
Je suis en parfait accord avec tout le Manifeste, mais manque de temps pour le commenter point à point.
Je le trouve fort long et suis d'accord avec d'autres amis pour penser qu'il faut en présenter un résumé et envisager, pourquoi pas?, un accès plus aisé, par ex. par vidéo?
Ne serait-il pas temps aussi de présenter notre Manifeste au pouvoir politique? Je viens de lire dans Le Soir, les propositions du pacte d'excellence (quel dénomination!!) où l'on propose de faire passer l'horaire des profs à 38h/semaine, celui des élèves de 7 à 18 ou 19h, et où on parle de modifier les congés, avec réactions, déjà, des secteurs du tourisme qui y voient de belles opportunités...
Je suis aussi assez partisane d'expériences particulières sur base du Manifeste car si l'on doit attendre que le système change de l'intérieur, je crois qu'on vise les calendes grecques ! Une ou deux écoles publiques qui fonctionneraient selon nos vœux pourraient séduire parents et élèves et faire changer les autres institutions de l'intérieur???
Ma dernière expérience de prof fut d'introduire la méthode Freinet dans le secondaire supérieur. Il y a eu, bien sûr, des oppositions, mais les élèves qui ont pratiqué la chose (et je travaillais dans une école d'étrangers défavorisés à Molenbeek...) m'en ont remercié dix ans après encore. Certains ont pu, grâce à l'expérience, atteindre l'université. Je crois donc que quelques expériences alternatives peuvent faire bouger les choses plus vite et répandre nos conceptions de façon plus efficace que d'attendre d'avoir mobilisé un nombre suffisant d'acteurs pour faire bouger, non les lignes, mais les mentalités.
Vous avez fait un travail remarquable et titanesque et je suis de tout cœur avec vous, même si le temps me manque pour rejoindre les groupes. Je ne sais comment, personnellement, aider à ce que notre projet aboutisse, mais reste à votre disposition là où je peux, mais où et comment ?, agir. Je suis retraitée depuis longtemps et n'ai que des idées et des expériences à partager.
Avec tout mon soutien
C'est fini le consensus, dirait-on, cela s'emballe qq peu dans cette discussion ! Comme je suis fort occupé par ailleurs (proximité de la grande parade oblige), je me limiterai aux remarques de l'APED.
Sans me prononcer sur tout, je réagirai sur 2 points :
1) Le 3° : peut-être, mais cela est-il à mentionner dans le manifeste ? Je m'étonne par ailleurs de voir les mots histoire (souvent celle des vainqueurs!) et surtout économie commencer par une majuscule. Et je considère aussi qu'à l'école, il faudrait enseigner l'écologie (scientifique), l'éthologie (science du comportement animal), l'anthropologie et la psychologie...
2) Je ne suis pas du tout d'accord avec la réfutation de la mention de la spiritualité ! La spiritualité, ce n'est pas la philosophie, elle dépasse les clivages (elle est présente au sein de la franc-maçonnerie – cf. « La franc-maçonnerie pour les nuls » - comme dans les courants religieux). Par ailleurs, la pertinence de l'encyclique du pape François consacrée à l'écologie est reconnue bien au-delà du monde chrétien, faisant en quelque sorte suite aux propos du Dalaï-Lama et d'autres moines bouddhistes sur la question !
Encore une chose : la spiritualité, c'est bien plus, voire tout autre chose qu'une "classe de réponses que certains apportent aux questions de sens", c'est quelque chose que nous pouvons vivre, expérimenter, ressentir, bien au-delà de questions purement intellectuelles! Certaines pratiques peuvent d'ailleurs nous en rapprocher, la méditation peut convenir à certains, mais partant de mon expérience, je peux aussi pointer des techniques comme le t'ai chi chuan, ou encore certains lieux, certains espaces, comme un coin de nature particulièrement calme, la montagne et ses paysages immenses...
Commentaires Bruxelles – 6 mars 2016
- Copie du compte rendu disponible dans "fichiers". -
Les commentaires ci-dessous rejoignent pour partie les remarques et suggestions déjà émises ailleurs. Les suggestions nous paraissent réalistes et consensuelles.
FORME
Niveau de langage trop élevé mais nécessaire pour exprimer les nuances
Paragraphes trop longs -à aérer, énumérer (bullet points), mettre en gras l’idée principale
Rédaction d’un glossaire ?
Rédiger trois textes ?
« positiver » le vocabulaire
Utiliser/mettre en évidence les questions ouvertes pour faire adhérer le lecteur
FOND
Rajouter une description du processus TAE et l’objectif du manifeste
Faire une allusion aux fiches techniques
Evoquer explicitement l’intelligence collective
Remarques générales
Accroche : très bien !
Pour la suite
Ces suggestions sont ouvertes et soumises à la discussion
Timing : si le Manifeste n’est pas prêt pour Grande parade, pas grave. Mais diffusons déjà l’accroche. !
Vidéos : bonne idée ! à utiliser des données « scientifiques » (graphiques, …) ?
Veiller à travailler avec les associations et mouvements déjà existants et ne pas les « brusquer ».
Faire adhérer les participants aux expériences locales, notamment sur base des questions ouvertes
Evènement le 27 septembre 2016 : pour boucler la boucle.
D’ici là :
Après :
Je suis déçu par ce document, je l’avoue. Il est très lourd, très idéologiquement marqué. « Néolibéralisme », « discours dominant », « récit fédérateur », « formatage », « violence systémique ». Que de mots ! Dont je n’ai entendu aucun lors des discussions auxquelles j’ai assisté à Ixelles fin septembre. Là, on n’a parlé que des enfants, de l’école, des professeurs, des parents ; c’était simple et rafraîchissant, plein de réalité. Je suppose que la couleur politique est venue après….
Et même en l’acceptant, cette couleur, croyez-vous vraiment que les choses soient comme vous les décrivez, comme vous les supposez ? Que le « discours dominant » soit aussi tranché que vous le pensez, que le « dogme néolibéral » (coupable de tout les maux) se soit insinué dans « (presque) toutes les têtes » et sorte de « (presque) toutes les bouches » (ligne 33 page 26) ?
– Les inégalités ! C’est vraiment (avec raison, bien sûr) la tarte à la crème. Même Fondapol en fait un de ses chevaux de bataille (allez voir, ça vaut la peine…). Faut-il à ce point y insister?
– L’exacerbation de la compétition fait, c’est juste, des sociétés tendues, mais de la à proscrire le sport (ligne 10, page 8)…
–Puis il y a la réalité, aussi.
C’est à la page 10 que les choses commencent vraiment à m’inquiéter. « Forger un être humain ». Vraiment ? Et quand on l’a forgé, avec ses « cinq traits », qu’avons-nous : la fin de l’histoire ? Le refrain est connu, hélas ; on ne va pas rappeler tout ça, mais je m’étonne qu’on ose encore y penser.
Et puis brusquement le soleil se lève. Il se lève à la page 14, ligne 206. À partir de là, jusqu’à la page 24, plus que de l’empathie, et retour à toutes les choses que j’avais entendues en septembre, avec bonheur. Deux ou trois remarques seulement :
– Davantage de « faire sens » (page 15, ligne 219) ne peut certainement pas faire de mal ; reste quel sens, évidemment ?…. J’espère que ce n’est pas un retour à « l’homme nouveau » de la page 10.
– Faire place aux « langues maternelles extrêmement diverses » (17 dans l’école de mes petits-enfants) comme préconisé à la page 16 (ligne 294) est absurde ; en revanche, faire place aux langages corporel et artistique (ligne 307) a donné d’excellents résultats, notamment dans l’enseignement decrolien.
– Je lis l’avis de l’APED, aussi. Manifestement, nous sommes ici entre spécialistes et je me retire sur la pointe des pieds. Quant au point 7, je trouverais intéressant qu’un mot soit dit sur la notion d’autorité, au sens que donne à ce terme Hannah Arendt dans « Between Past and Future ». Le point 8, s’il signifie comme je le crois que le choix de l’école par les parents disparaît, que l’État organise une sorte de «bussing » à double sens, me terrifie autant que l’exercice de création anthropologique dont je dis plus haut ce que je pense.
Au chapitre des solutions, ma préférence va à l’initiative « citoyenne » (comme ce mot est galvaudé !). Nous avons la chance, en Belgique, de pouvoir chacun ouvrir une école. Ce n’est pas très difficile ; il ne faut que de la détermination, et un bâtiment. Pourquoi ne pas mettre en application votre slogan : « Une tout autre école ? Créons-la ! » ? Il pourrait y avoir un large consensus sur ce qu’elle devrait être, basé sur les pages 14 à 24 du Manifeste, et une « mise en réseau » (ligne 107 pages 28) avec les initiatives existantes pourrait s’organiser si s’allégeait cette chape idéologique qui ne peut que décourager les tentatives de rapprochement.
Excusez-moi d’avoir été si long. J’ai la conviction que je ne serai entendu en rien, que je me heurte à des dogmes, qu’une tout autre école est devenue l’affaire d’un petit groupe, et je ne suis pas sûr que les idées qu’il défend correspondent à ce que voulaient les 17.000 personnes descendues dans les rues il y a un an.
Jacques Ghysbrecht.
Bravo aux auteurs et contributeurs de/à ce manifeste!
C'est un très beau texte, qui allie raison, conviction, esthétique de la langue.
Un petit bémol de forme peut-être, sa longueur.
Si je peux me permettre l'un ou l'autre point de critique, je dirais que
- dans la première partie du texte où vous décrivez le scénario dominant d'avenir
qui tend à s'imposer, vous faites une très large place (voire une place unique) à la
matrice néo-libérale et tout ce qu'elle implique en matière d'éducation. Je partage
l'analyse que ce point de vue est dominant, mais est-ce la seule perspective à travers
laquelle sont actuellement pensées les finalités de nos systèmes éducatifs?
- dans la critique du capitalisme (formatage et inégalités), ne sont-ce pas là
les critiques classiques du capitalisme (Boltanski et Chiapello), à savoir la critique qualifiée d'artiste, et de sociale?
- bien sûr je comprends que dans un manifeste sur l'école, l'école soit l'objet majeur
de questionnement et de revendications. Et je ne sais pas si dans le cadre du mouvement
'Tout Autre Chose' d'autres manifestes du même type, mais portant sur d'autres secteurs
de nos sociétés, se préparent. Mais une critique de fond qu'on pourrait formuler est celle
du rapport entre l'école désirée, et l'état des débats et des dispositifs dans bien d'autres
secteurs (finance et économie, travail, culture, ...). J'entends bien, et c'est certainement
une partie de la réponse, qu'un des rôles de l'école pourrait justement être de préparer
à une changement sociétal plus large. Mais est-ce suffisant? Comment penser les interconnections
entre les champs dans la perspective d'un changement global? Dans le cadre du manifeste,
peut-être serait-il pertinent d'en glisser un mot dans la toute dernière partie, relative aux
processus et modalités de changement?
- la partie sur le 'comment' (curriculum, groupes d'apprentissage, pédagogie) est convaincante
dans l'ensemble. Et je saisis bien que vous avez voulu maintenir le débat sur le lien entre
les finalités et le dispositif scolaire. Mais j'ai parfois été en manque d'éléments plus concrets.
Gérard Fourez me demande de transmettre l'avis suivant :
Texte intéressant.
Il est nécessaire d'en proposer une synthèse et de rédiger une table des matières.
Dans "apprendre quoi", il serait bon de mettre plus l'accent sur l'interdiscilinarité.
Yves Reinkin a envoyé le message suivant :
Je viens de relire l’entièreté du texte provisoire. Je le trouve fort bon (bcp plus que l’accroche qui est plus brouillonne).
D’être rentré en classe depuis un mois (dans mon école générale libre de Stavelot), je reste cependant sur la question du « comment ce doc sera-t-il reçu ? » et, donc, « quel sera son impact ? » auprès d’un acteur malgré tout majeur du système, à savoir l’enseignant. Il n’y a pas une réponse unique à ces questions évidemment. Mais enfin, ils sont 100.000 en FWB et je me demandais comment chacun d’entre eux allait prendre connaissance du Manifeste et ce qu’ils en diraient. Car sans ce soutien potentiel (du moins en partie), rien ne changera en profondeur, et le Manifeste ne risque-t-il pas de faire partie de ces nombreux grands textes sur l’enseignement et l’éducation qui restent sans lendemain parce que, soit on ne les lit même pas, soit on ne les fait pas siens quitte à les critiquer.
Ma question est donc :
Voir, dans l'onglet "fichiers", les deux "affiches" préparées par le groupe TAE de Scharbeek.
Voici les commentaires du groupe TAE de Louvain-la-Neuve
Commentaires généraux :
1) Globalement, nous sommes en accord avec le contenu du Manifeste ; et sommes impressionnés par le travail fourni !
2) Par contre, nous trouvons le texte trop « universitaire »/intellectuel, et trop long ; ainsi que trop « sciences humaines » (certains passages pourraient être retravaillés pour aller plus directement à l'essentiel)
3) Chouette de réunir les trois critiques du modèle dominant (cfr point2 : lutte contre les inégalités, lutte contre le formatage scolaire, lutte pour que l'école s'empare et outille les élèves à relever les grands défis du XXI siècle)
4) Le résumé au verso de la première page est très chouette
5) Il est peu fait mention de l'austérité dans le manifeste, et c'est dommage
6) Le texte semble écrit par et pour des convaincus (problème pour le diffuser plus largement)
7) Au niveau du vocabulaire utilisé, il faudrait peut-être clarifier certains termes, et être certains du sens qu'on leur donne, comme pour les notions de « néolibéralisme », « libéralisme », « capitalisme ». Un glossaire pourrait être utile
8) L'enseignement supérieur semble absent du manifeste : il faudrait préciser quel(s) niveau(x) d'enseignement nous visons
9) Nous craignons la précipitation en vue du 20 mars, et préférons une maturation du texte avant sa sortie
10) Nous nous demandons et sommes impatients de voir quelle sera la suite du projet (d'un point de vue plus concret, en termes d'actions,...)
Commentaires spécifiques :
PARTIE 2 : CONTRER LE DISCOURS DOMINANT
PARTIE 3 : NOUS DETOURNER D'UN HORIZON SANS LENDEMAIN
PARTIE 4 : TENDRE VERS UN HORIZON DESIRABLE
PARTIE 5 : NOUS METTRE EN MARCHE
Une version 1.3. de l'accrocche est téléchargeable dans l'onglet fichier
Commentaire de Olga Lucia Arango
Je suis tellement contente de lire le manifeste. Il y a des passages que me touchent très fort liés à mon vécu ...
"S’émanciper signifie pour nous « sortir » d’une situation d’aliénation et de domination. A l’instar du terme solidarité, le terme émancipation est donc volontairement fort et lié à la question du pouvoir.Vouloir placer ce terme au cœur des finalités de l’éducation, c’est prendre acte du fait que celles et ceux qui nous guident, conseillent, éduquent, dirigent, surveillent, régulent ou sanctionnent exercent sur nous un pouvoir qui peut se révéler aliénant et peut nous mettre en état de dépendance, nous asservir, nous rendre impuissant-e-s ou amorphes, nous contraindre à agir à l’encontre de nos valeurs ou intérêts."
Je suis en admiration par ce premier jet de document clair sur les logiques qui entravent notre action collective, tellement ancrés dans les pratiques surtout la logique d'utilitarisme car c'est la plus caché, et sournoise, et qui a un rapport avec le sens. Il faut oser quitter la sécurité, les valises du connu et pas bon pour oser construire une tout autre école.
Commentaire de Michèle Oubion
J'apporte ma petite pierre en remarquant que l'École y est trop peu considérée comme "lieu de vie" auquel sont condamnés en fait quasiment tous les enfants, non pas par la loi qui ne parle que "d'enseignement obligatoire", mais par le contexte socio-économique dans lequel nous nous trouvons. Ainsi, je ne trouve pas, ou fort peu, de traces de débats au sujet de l'accueil, des horaires, des congés, des repas, de l'attention à la santé, des activités physiques, philosophiques et artistiques minimales, ni de l'éducation proprement dite (que chaque enseignant, comme chaque adulte qui a à faire avec des mineurs, exerce par le seul fait de s'adresser à eux), ainsi que de la formation des futurs enseignants eux-mêmes, tous points qui devraient être régis par la loi et non pas laissés à l'appréciation des différentes écoles.
Je tiens à intervenir ici dans le point de l'ordre du jour "quelles suites?":
Serait-il possible, en croisant toutes les considérations exprimées depuis un an, que le groupe TAE (fort de +de 1300membres et pouvant s'appuyer sur les + de 13.000 signataires de TAC) s'attelle très vite à influencer, et intervenir dans, les décisions importantes qui vont être prises en vue de la prochaine rentrée scolaire par le ministère?
Car, s'il est bien utile de concevoir une École idéale dans une société idéale, il me semble urgent de contribuer à tenter de réduire la souffrance quotidienne de tous nos jeunes et de leurs parents.
Quel beau texte. 1300 mercis aux personnes qui y contribuent. Vu l'heure si proche de l'assemblée, je ne m'étends pas sur les compliments :-)
Quelques remarques, issues de la lecture du Manifeste et des remarques des lecteurs.
1. Plusieurs groupes font état de l'importance de s'exprimer en termes positifs. J'adhère à cette idée. En la croisant avec une autre remarque (concernant l'idée de réaliser un va et vient entre la rédaction et la pratique sur le terrain), il me semblerait intéressant d'illustrer ce texte par des exemples concerts d'initiatives menées et les résultats en termes de bien-être sur les élèves et les collectivités. Le texte mentionne à plusieurs reprises que ces initiatives existent et qu'il faut maintenant concrétiser des liens entre les différents acteurs et secteurs. En effet, on pourrait imaginer d'illuster les différentes propsitions du manifestes par des initiatives qui ont vu le jour. Cela permettrait, je pense, d'asseoir les propositions, de leur donner plus de poids, de faire voir que (presque) tout est possible et de faciliter la lecture. Il s'agirait aussi de contre-argument à proposer face à un disours ambiant : "c'est compliqué de tout changer". Qui plus est, cela contribuerait à ce que ces initiatives ne soient plus "des alternatives", mais bien des actions faisant partie du quotidien de chacun.
2. Pure question de structure : je trouve que les idées pratiques proposées ne sont pas assez mises en valeur graphiquement. L'idée des phrases-synthèse sur la droite est géniale. Mais ça manque de sous-titre et d'expression d'idées concrètes en sous-points ( car du concret, il y en a dans le texte, mais il faut le chercher parfois)
3. On aborde les autres secteurs. Une lectrice mentionnait l'absence de l'extrascolaire. Je suis entièrement d'accord avec l'importance de le faire apparaître et de proposer qu'il soit associé dans l'idée d'une refonte de l'école. Si on envisage des classes verticales, des organisations par modules, des sous-groupes, des horaires différents, une école plus ouverte.. l'extrascolaire serait un renfort à ne pas négliger. Qui plus est, l'extrascolaire bénéficie parfois de rapport plus positifs avec les parents. Pour une autre école, il faut du soutien. Il faut des lieux où ces 2 secteurs peuvent se rencontrer (exemple : les commissions communales d'accueil pourraient être plus efficaces et permettre ce genre d'échange). Ces secteurs réunis, tout en gardant leurs spécificités, en combinant leurs méthodes, permettraient un spectre bien plus large d'apprentissages, d'expérimentation et de vie en groupe.
4. Que les enseignants soient bien plus impliqués dans les décrets qui les concernent.
Lors de la réunion du 8, il a été décidé de se diriger vers une nouvelle version du manifeste.
Vu les changements qui devraient y être apportés, il me semble qu'au niveau de la numérotation de la version, cela devrait être du type "4.n". Je proposerais 4.0 pour la version rédigée par le groupe de travail et 4.1 pour celle qui tiendrait compte de remarques éventuelles (les "divergences irréductibles" amenant alors la mention des 2 opinions contradictoires). Et puis 4.1A pour intégrer uniquement les corrections de forme (fautes d'orthographe par ex.), pour aboutir à une version qui ne serait plus modifiée avant un temps assez long...
Je signale par ailleurs que j'ai posté la dernière version du document que j'ai rédigé se voulant faire la synthèse des ateliers. En 2 formats pour la version à lire devant l'écran, le document dont le nom termine par Cond étant destiné à être imprimé.
Vous pouvez suivre l'évolution des travaux du petit groupe de rédacteurs en charge de la finalisation du Manifeste sur la page Tout Autre Ecole.
Je viens de parcourir la proposition globale "Manifeste 4.0" et je peux déjà dire que la restructuration me semble aller dans le bon sens et qu'avec les modifications proposées, cela m'apparaît nettement plus clair sur certaines questions, comme l'utilitarisme que je pourrais voir comme une sorte d'alignement et d'adaptation de nos choix en fonction de critères typiquement capitalistes (si c'est juste, je préférerais un autre mot !). Et c'est aussi le contexte du capitalisme qui exacerbe l'individualisme, la "guerre de tous contre tous", avec son extension à tous les aspects de nos vies, et qui maintient le système de la compétition scolaire – qui est cependant bien plus ancien que la prégnance actuelle de la dite idéologie néo-libérale.
Cette idéologie néo-libérale, dans sa diffusion, fonctionne main dans la main avec l'expansion capitaliste actuelle, mais à la différence du capitalisme, elle s'exerce essentiellement au niveau politique, amenant notamment une compression générale des budgets publics pour permettre au capitalisme – en pratique, surtout les multinationales - de maximaliser ses profits (objectif principal du TTIP/TAFTA !). Chose qui à mon sens devrait aussi être mentionnée dans le manifeste.
A moins qu'on y consacre une fiche à part, en y ajoutant aussi une vision plus large où il serait question aussi de société malade, ce qu'évoquait déjà Julos Beaucarne il y a qq décennies directement après le meurtre de sa femme, chose qui a été rappelée sur La Première à la suite des attentats !
Cette société est d'ailleurs de plus en plus inutilement compliquée (et nous fait accomplir des choses inutiles, nous fait acheter des objets inutiles – alors peut-on parler, étymologiquement parlant, d'utilitarisme?), de plus en plus complexe, jusqu'au délire, dans le cadre d'un paradigme capitaliste dominant qui nous tue tous, directement ou indirectement.
Cela dit, je me suis fait aussi la réflexion que toutes ces considérations devraient être regroupées et qu'en fin de compte, plutôt que parler de société néo-libérale ou capitaliste là où le lien n'est pas fait, il serait peut-être plus opportun d'écrire "notre société" ou "nos sociétés"…
Hier, sur RCF, dans les 5 dernières minutes d'une émission consacrée à la lutte contre la pauvreté, il a été question de l'enseignement en Finlande. Ce que j'en retiens : il faudrait mettre plus de moyens dans l'école maternelle et l'enseignement fondamental (primaire), chose qui n'est pas mentionnée dans le manifeste (mais la remarque vaut par rapport à la situation française). Lien vers le podcast ici : https://rcf.fr/emission/feed/142408
Sur certaines radios, les vacances sont aussi propices à la réflexion! Ansi, sur France Inter, il y a qq jours, j'ai pu entendre lors du "débat de midi", un débat qui m'a paru particulièrement intéressant autour du thème "nontre société malade de l'évaluationite", ou plutôt de la "notite" pour employé le terme utilisé dans l'émission - cela concerne aussi les agences de notation; Lien sur les podcasts (c'est l'émisison du 27 juillet) : http://radiofrance-podcast.net/podcast09/rss_12440.xml. Voilà ce qui est dit sur la page de l'émission elle-même à https://www.franceinter.fr/emissions/le-debat-de-midi/le-debat-de-midi-27-juillet-2016 : 'C'est le paradoxe : d'un côté l'école cherche à faire sans les notes. De l'autre, les notes sont partout : il faut noter son dîner, sa chambre, son chauffeur Uber, son conseiller téléphonique, bientôt il faudra noter ses collègues, et pourquoi pas son mari, sa femme ou ses enfants ? Les notes vont-elles nous rendre frappa dingues ?"