Groupe tout autre école

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Une pétition à propos du tronc commun ?

Bonjour,

que pensez-vous du projet de pétition à propos du tronc commun, dans le cadre du débat sur le Pacte pour un enseignement d'excellence? 

Vous trouverez dans ce site le projet de pétition et un projet de carte blanche qui permet de la contextualiser.

Quant au projet ministériel qui y est critiqué, vous pouvez le lire ici . A noter que, depuis la rédaction de ces deux textes, le rapport de la conférence consensus relative a la proposition ministérielle a été publiée ici .

Merci d'avance pour vos réactions.

 

  Bernard

Démarré par Bernard Delvaux dans Groupe tout autre école 1 février 2018 22:14

ok pour moi

Sébastien G. 2 février 2018 07:12

Tout à fait pour faire tourner la pétition et le projet de carte blanche, très bien écrit d'ailleurs...

Marie Kotovitch 2 février 2018 16:58

Je suis entièrement d'accord avec le projet de carte blanche aussi.

Arango Restrepo 3 février 2018 22:16

La pétition est désormais en ligne ici : https://www.toutautrechose.be/tae-petition

Je vous invite à la signer et à  la relayer.


Merci d'avance.

Bernard Delvaux 4 février 2018 21:51

REACTION DE JACQUES GHYSBRECHT


Il n’est pas facile de démonter les ressorts d’une exaspération, surtout lorsque c’est de la vôtre qu’il s’agit. Mais je vais essayer.

J’irai directement à ce qui a provoqué le coup de sang que vous savez. C’est ce lancinant, sempiternel enfoncement de portes ouvertes. « La quête de toute- puissance remplacée par la modération, la tolérance par la fraternité, l’aide ponctuelle par la solidarité structurelle… » etc. etc. Je ne connais personne qui ne partage ces valeurs. Je n’ai jamais entendu qui que ce soit, qui ait la parole dans notre société, se prononcer sérieusement en faveur de l’hubris, de l’inégalité, de la primauté absolue du marché, ou qui s’élève à l’encontre de la démocratie… (encore que Chantal Mouffe, parfois !). Les imprécateurs sont partout, sur le TTIP, les lois liberticides, la protection des lanceurs d’alerte, les malheurs du peuple grec, l’évasion fiscale, la finance spéculative, le glysophate, le carbone…. De  la toile se déversent en permanence des dénonciations par jets ininterrompus . Alors pourquoi en rajouter ?

En même temps, c’est assez vrai qu’il ne fait pas très bon vivre ici en ce moment. Ce n’est rien en particulier, beaucoup de petites choses ; une forme de malaise. Au travail, les relations sont tendues : l’évaluation est partout, on est de moins en moins pour faire de plus en plus ; la pauvreté, nous dit-on, progresse ; les inégalités, après s’être longtemps réduites, semblent maintenant augmenter, Bâle 4 est un retour sur Bâle 3 ; la sortie du carbone patine. Et, surtout, le populisme envahit tout . Trump, élu par une classe moyenne pauvre et ignorante, démantèle les lois qui les protègent, réduit l’impôt des plus riches. En Pologne, en Hongrie en Turquie, les tribunaux sont empêchés, la liberté de la presse compromise. Dans toute l’Europe de l’Est, les réfugiés sont rejetés

Mais, ce que je veux dire, c’est que cela, tout le monde le sait. Tout ceux qui pourraient signer cette pétition, tous ceux qui la liront (peut-être) parce qu’elle leur est adressée, sont convaincus eux aussi que les choses vont plutôt mal. Quant à ceux qui ne savent pas, ils ne la liront jamais. Ce verbiage est inutile, exaspérant.

Comment l’école peut-elle changer tout ça ? Pas un mot dans la pétition sur ce sujet essentiel.

Elle s’attaque, cette pétition, au Pacte d’excellence. Le terrain le plus difficile. C’est une énorme machine, un processus ultra participatif, hyper démocratique ; des ateliers, des consultations de tout le monde sur tout : les enseignants, les parents, les élèves, les autres. Personne ne manque. Dire que « « notre communauté belge francophone n’a pas eu l’occasion de débattre en profondeur de l’usage du temps considérable que nos enfants passent à l’école » est tout simplement absurde. Bien sûr tout est noyauté, précuit. Tout est aux mains des syndicats d’enseignants, des associations de parents. Aucune place pour d’autres voix. Mais la démocratie, c’est ça, malheureusement. Et s’attaquer à cette machine, c’est un très mauvais choix.

On comprend encore que les pétitionnaires estiment que les acteurs du Pacte « restent trop engoncés dans la vieille tradition scolaire », « ne font pas… rupture avec un projet éducatif » jugé inadéquat. Très bien, mais encore ?

Pour découvrir ce qu’ils reprochent vraiment au tronc commun tel qu’il se précise, on consulte un filandreux document appelé « pourquoi cette pétition » et ensuite une annexe intitulée « que faire des 10.000 heures de vie scolaire d’un enfant ». Ce reproche, en fin de compte, quand on l’a trouvé, c’est d’augmenter la place faite aux mathématiques, au Français et aux langues modernes au détriment des sciences humaines. On pouvait le dire plus simplement, et plus tôt.

Je suis injuste ? Évidemment que je suis injuste ! On sent bien qu’il y a derrière cette pétition une grosse masse de travail, de compétences. Et c’est une autre source d’indignation que de savoir que tout cela ne servira strictement à rien. Il est évident que ce grain de sable ne fera jamais dérailler, même un tout petit peu, l’énorme train du Pacte d’excellence. Et c’est une constante depuis que je me retrouve participant (de loin) à Tout autre Ecole : un énorme gâchis ; de l’énergie, de la bonne volonté, des efforts très nombreux allant à rien. Aucune direction, aucun suivi d’aucun horizon. L’impression inédite de travailler dans le vide absolu.

Encore un mot, tant que j’y suis. Plus de mathématiques, de français ; moins de sciences humaines. Je n’y vois pour ma part aucun inconvénient. Je n’imagine pas un instant qu’un cours de citoyenneté puisse inciter qui que ce soit à se montrer meilleur citoyen, ni l’étude de la Shoah faire régresser l’antisémitisme. C’est dans la pédagogie et le sens critique qu’il faut chercher un début de solution, pas dans la pondération entre matières. Le vivre ensemble s’apprend en vivant ensemble. Ce sont les contacts au quotidien, le travail en groupe, l’auto évaluation, la relation à l’adulte, la gestion des litiges ; c’est à partir des difficiles relations qui se nouent au sein de l’école, si elle sont très finement observées, très adroitement gérées par des enseignants très bien formés, parfaitement reconnus par tous, que naîtra peu à peu non pas, je l’espère, une « tout autre humanité », un nouvel ordre moral, mais tout simplement une forme largement partagée, rationalisée, de «common decency ». Cet avis, bien entendu, est entièrement basé sur l’inexpérience la plus totale.

Je m’arrête ici. J’ai été bien trop long et je le regrette. Je ne pense pas avoir convaincu, ni suscité d’empathie. On aura compris que ce n’était pas tout à fait mon but.

Jacques Ghysbrecht.

Bernard Delvaux 8 février 2018 07:48

REACTION DE CHARLES PEPINSTER

Je comprends l'agacement voire l'horripilation de Jacques dont j'apprécie la vigilance. Le texte "A la reconquête du temps perdu" que j'ai proposé comme ajout à la prose de Bernard Delvaux me semble constructif mais ignoré : pas une seule réaction ! 

Le revoici (en double c'est plus sûr !) tel une bouteille à la mer...

Et un second machin pour la route... et un troisième jusqu'à plus soif.

 

Un briscard de service,

Charles Pepinster

Bernard Delvaux 8 février 2018 07:48

REACTION DE NADINE PLATEAU


Merci Jacques de cette «explication». Je partage ta lassitude pour la répétition de ce que tout le monde sait. Par contre, je pense que le «gâchis» est inévitable (c’est comme la vie sur terre, pleine de lamentables et douloureux gâchis), que le «vide absolu» dont tu parles signifie simplement la difficulté, pour celles et ceux qui ne voient clairement que ce qu’ils et elles rejettent, de commencer à imaginer et proposer ensemble une «direction, un suivi, un horizon» (la preuve cet échange de mails). Ce qui me donne de l’énergie dans TAE, c’est de rencontrer des gens qui sur le terrain changent des choses même de façon modeste. Enfin, je suis entièrement d’accord avec ton dernier paragraphe. 

Cordialement

Nadine

Bernard Delvaux 8 février 2018 07:49

MES REPONSES

Bonjour Jacques et Charles,

 

Je réponds ci-dessous à vos deux courriels. Mais, pour éviter à l’avenir l’encombrement de boîtes mail de la cinquantaine de personnes inscrites sur la liste de diffusion, j’invite chacun-e à  poursuivre la discussion sur le site Participer, sur le fil de discussion initial. Tout le monde peut la lire sans devoir s’inscrire. Si vous voulez réagir, il suffit de vous créer un compte (en bas de la discussion) et de rejoindre le groupe Tout Autre Ecole.

 

Ceci étant dit, venons-en au fond.

 

Commençons par Jacques. D’abord, merci pour cette mise au point. Je préfère ton dernier message un peu long mais argumenté à ton premier message « coup de poing ». Et je constate que nous partageons tout de même certains éléments d’analyses et certaines opinions.


Mais nous divergeons sur d’autres point

  • -        D’abord sur l’utilité d’un débat sur les finalités. Tu affirmes que tout le monde est d’accord et que parler de finalités revient à enfoncer des portes ouvertes. Je ne suis pas d’accord sur le constat d’accord. Tes propres réactions sur la pétition et, plus anciennement sur le Manifeste, devraient t’en convaincre, me semble-t-il. Certes, tout le monde, aujourd’hui, utilise les mêmes mots de citoyenneté, coopération, et tant d’autres faisant  partie du politiquement correct, mais pour les insérer dans des projets de société qui ne se ressemblent nullement. C’est de ces projets de société qu’il importe de parler. Ne pas  le faire, c’est faire comme si le modèle sociétal était indépassable, comme si on avait atteint la fin de l’histoire. Ne pas le faire, c’est plus exactement accepter la fin du politique. J’ai développé ces idées dans un court texte que je devais rédiger pour une publication de mon institut de recherche. Comme je l’ai rédigé hier, j’ai immanquablement pensé à tes arguments en le rédigeant. Tu le trouveras en piècejointe.
  • -        Sur le Pacte pour un enseignement d’excellence, je ne comprends pas comment on peut, comme tu le fais, affirmer qu’il s’agit d’un processus démocratique et reconnaître qu’il est « noyauté et précuit ». Certes, il respecte les formes démocratiques, et même certaines formes de la démocratie participative, mais personne n’ignore que, dans de tels processus, on peut garder le pouvoir si l’on maîtrise la rédaction des questions et la rédaction des synthèses et, surtout, si tout cela est, en dernière instance, passé au tamis du groupe central composé des gestionnaires habituels du système scolaire, et où, comme le dit Luc Van Campenhoudt, les PO et les syndicats disposent de fait d’un droit de veto.
  • -        Sur l’efficacité et l’utilité de notre démarche pétitionnaire, je dois t’avouer que je ne me fais pas trop d’illusion sur l’impact de cette démarche à court terme. Même si je fais tout pour que cette démarche réussisse, mon but se situe à plus long terme. Il s’agit d’inciter un nombre croissant de personnes à oser « sortir du cadre », à se poser de nouvelles questions. Le paradigme dans lequel la plupart de nos contemporains se trouvent aujourd’hui embarqués a  mis beaucoup de temps à coloniser les esprits et à être perçu désormais comme naturel, évident et non discutable. Le paradigme du futur ne s’imposera aussi qu’avec le temps. Heureusement, quantité de personnes y œuvrent, dans tous les secteurs de la société. Je crois qu’à terme, cela portera des fruits, et je tâche d’effectuer ma part de boulot dans le secteur de l’éducation.
  • -        Tu dis qu’il n’y a « Pas un mot sur comment l’école peut changer tout ça ». C’est vrai, dans la pétition. Mais tu ne peux pas dire que Tout Autre Ecole n’envisage pas les propositions et initiatives concrètes.  Notre journée du 20 novembre 2015, celle que nous préparons pour le 17 mars, nos rubriques initiatives et idées sur notre site (en attendant vos contributions pour la rubrique « outils »…) donnent de la place  à des propositions concrètes. On   pourrait certainement faire mieux, mais on travaille avec les énergies disponibles… Depuis la création de TAE, l’idée était cependant de ne pas seulement relayer des initiatives et les mettre en réseau, mais de porter aussi une parole politique. Le Manifeste en était une. La pétition constitue seulement la 2e prise de parole politique de TAE.
  • -        Sur la place des disciplines et de l’expérience vécue, je suis partiellement d’accord avec toi. Oui, rien ne vaut l’expérience de la citoyenneté, du débat, de l’écoute, du respect, etc, au sein même de l’école. Cela, nous l’avons défendu dans le Manifeste. Mais je persiste et signe : le Pacte laisse bien trop de place aux vieux découpages disciplinaires qui tuent la mise en projet et encouragent la vieille pédagogie. Et le discours lancinant sur les savoirs de base met dans le même sac la maîtrise du français (qui me paraît absolument primordiale) et la maîtrise des maths (qui pourrait selon moi prendre nettement moins de place) et des langues modernes (avant tout justifiées par une logique instrumentale). Et oui, je trouve scandaleux d’avoir maintenu les sciences humaines dans 4 malheureuses périodes hebdomadaires en demandant en sus à l’histoire et la géographie de faire un peu de place, dans cet espace, aux sciences sociales et économiques (notons au passage que la science économique a droit à une mention explicite, toutes les autres sciences humaines étant regroupées dans un même « package »).

 

A Charles, je répondrai ce qui suit :

  • -        Oui, comme toi, je crois qu’il faut s’attaquer aux pratiques d’évaluation et de notation. Nous l’avons fait dans le Manifeste.
  • -        Pas de réaction ? Désolé, mais j’ai de nombreuses marmites sur le feu… Et il est injuste de dire que TAE ne relaie pas tes écrits sur cette question. Voir ici : https://www.toutautrechose.be/tae-ressources-evaluation On peut encore en ajouter
  • -        Pas d’ajout de ton texte à mon texte « carte blanche » , Non parce que ce dernier était déjà fort long, que le tien apportait une nouvelle thématique et qu’il s’agissait d’un écrit personnel et non collectif.
  • -        Par contre, je trouverais utile que tes réflexions débouchent sous la forme de cartes blanches à publier dans Le Soir ou La Libre. Mais pour ça, il faudrait leur donner une forme correspondant à ce qu’attendent ces médias. Je veux bien t’y aider.

 

Cordialement.

 

               Bernard  

Bernard Delvaux 8 février 2018 07:56

Même si le but n’est pas de susciter l’empathie, voilà que je partage pas mal des choses, avec Mr JACQUES GHYSBRECHT….


Comme bien le dit Bernard - tout le monde, aujourd’hui, utilise les mêmes mots de citoyenneté, coopération, et tant d’autres faisant partie du politiquement correct, mais pour les insérer dans des projets de société qui ne se ressemblent nullement-.

Et c’est là, le problème…. Un diton en espagnol dit « pescar en río revuelto » ( « pêcher dans une rivière brouillée ») c’est comme la pêche miraculeuse, c’est le moment qu’on traverse à touts les niveaux…. Et l’école comme bon reflet sociétal, le montra de façon désespérant, angoissante : elle se montre comme une « énorme machine », avec des ateliers partout de la joie, du respect (de l’enfant qui nous intéresse!) Mais malheureusement tout (il y a quelques exceptions pour confirmer a règle) , est contrôlé : « Tout est aux mains des syndicats d’enseignants, des associations de parents. Aucune place pour d’autres voix ».

Voilà les limites du système, les limites de cette démocratie !

Et comme le dit Bernard c’est de ces projets de société qu’il importe de parler.

Pour moi, plus que parler, car tout le monde parle….. c’est de regarder ce que l’on propose, regarder les faits, l’agir, car le problème, est la distance entre le discours et la pratique. On s’indigne contre la ségrégation, mais notre pratique est ségrégationniste…. L’école ne répond pas aux modèles de sociétés qu’on veut nous créons des écoles à notre image, isolées, en autarcie…..


Et je me retrouve dans ce paragraphe : « C’est dans la pédagogie et le sens critique qu’il faut chercher un début de solution ! Le vivre ensemble s’apprend en vivant ensemble. Mais le vivre ensemble est pollué par les peurs, par la façon d’avoir trouvé la faille d’un système qui se morde la queue…. La protection, les priorités, ce qui est permis et pas….et parfois la loi du minimum effort. Je continu avec JACQUES GHYSBRECHT  «  Ce sont les contacts au quotidien …. la relation entre adultes, la relation avec les enfants et leurs familles…. c’est à partir des difficiles relations qui se nouent au sein de l’école, si elle sont très finement observées, très adroitement gérées par des enseignants (très bien formés, parfaitement reconnus par tous) , que naîtra peu à peu et moi, je l’espère, une « tout autre humanité », un nouvel ordre moral, mais , bien entendu, c’est entièrement utopique, et moi je parle depuis l’expérience.

Olga Lucía ARANGO RESTREPO 8 février 2018 17:00

J’ai mis un moment à te répondre, Bernard, et je te prie de m’en excuser.

Je ne crois pas que nous ayons de dissentiment majeur sur le « constat d’accord ». « Certains estiment… qu’il y a accord sur les impératifs de citoyenneté, coopération, créativité, épanouissement, respect de l’autre, esprit critique, égalité des chances et même maintenant esprit d’entreprendre » dis-tu dans cet excellent petit essai qui accompagne ta réponse. Ces « certains », je crois, sont très nombreux, et j’en suis. Un désaccord sur ces idéaux, dans notre société, est pratiquement inaudible. C’est tout ce que je voulais dire.

Il y a, bien entendu, mille choses encore là-dessous : des hypocrisies, des divergences sur les concepts, des divergences quant aux analyses, quant aux techniques, des pesanteurs de fait, des apories et, sur beaucoup de ces choses, nous sommes en désaccord.

Je m’interroge toujours après avoir lu ton essai sur ce que pourrait être cet « horizon commun à toutes les écoles » qu’il faudrait définir et que ne définissent, si je ne m’abuse, ni le Manifeste ni la Pétition. L’école est politique, comme tout le reste. Chez nous, elle est obligatoire, mixte, gratuite, adossée à plusieurs réseaux ; l’État définit les référentiels, s’assure que les programmes correspondent à ces référentiels et que l’enseignement correspond aux programmes. La pédagogie est libre, sauf que sont prévus des systèmes destinés à compenser les inégalités culturelles et les inégalités d’aptitude individuelle. Que faut-il de plus ? Davantage de sciences humaines. C’est noté. Mais rien d’autre ? Ces questions ne sont pas oratoires. Ce sont de réelles interrogations. C’est là, je l’avoue, que j’ai dû prendre du temps, sans trouver. Une chose peut-être. Sur la fragmentation. Il y a un domaine au moins dans lequel la diversité s’impose. Je pense toujours à la même chose : à Bruxelles, les écoles en difficulté des quartiers difficiles. Il faudrait là, en dépassement de toutes ces questions de mixité, une forme bien particulière de discrimination positive. Je te renvoie à ce sujet à cette très intéressante petite étude que m’a communiquée Pierre Joseph Coumans :

http://www.ieb.be/Quels-quartiers-pour-quelles-ecoles    .

Encore une chose sur le sujet : dans un État où les pouvoirs publics n’arrivent pas à créer des écoles (il  manque paraît-il plus de 500 places à Bruxelles cette semaine), ne faut-il pas, dans l’urgence, que la société civile s’en occupe ?

Pour ce qui est du processus démocratique du pacte, ce que je disais, c’était pure ironie. C’est ainsi que je vois la démocratie comme elle est chez nous. Au point où j’en suis, je crois qu’il faut tirer du système ce qu’il peut donner de bon, sans trop ce préoccuper de la manière. Et ce pacte d’excellence, pour ce que j’en connais, me paraît plutôt acceptable.

Sur la démarche pétitionnaire, je reste de mon avis, un peu rude. Curieuse idée que de vouloir créer un effet d’entraînement par une pétition vouée à l’échec ! Ne peut-on offrir aux membres de TAE rien de mieux qu’ils puissent proposer à l’extérieur ? Je rapproche ce texte, avec tristesse, de l’excellente tenue de ce petit essai dont je parle plus haut. Je regarde la liste des membres fondateurs de tout autre chose : des créateurs, des écrivains, des gens de talent certainement, des gens qu’il faudrait réquisitionner pour faire mieux, pour mieux projeter votre démarche vers l’extérieur, pour faire un peu de com, pour appeler les choses par leur nom.

Pour le reste, je préfère, parce que je suis un libéral, penser que les choses iraient mieux si l’école, tout simplement, pouvait produire chez chacun de la perspicacité, de l’esprit critique, de l’imagination, une maîtrise des compétences, un souci de l’autre et avec ça, peut-être aussi, une dose de goût du risque. Mais ce n’est rien d’autre qu’un acte de foi.

Tant que nous y sommes et puisque tu as eu la gentillesse de m’écouter, pourquoi TAE ne s’attaquerait-t-elle pas au problème de l’école belge en général ? Une chose est de tracer les contours de l’école idéale devant conduire à un monde idéal (et ce n’est pas à dédaigner), autre chose est de se demander pourquoi dans la réalité qu’on touche notre école est une des plus chères et des moins bonnes d’Europe. Une des plus chères : la deuxième, en fait juste après la Grande-Bretagne, en pourcentage du PIB, selon l’OCDE (http://cache.media.education.gouv.fr/file/2016/94/4/depp-EEC-2016_660944.pdf  , page 30)

Une des moins bonnes : les tests Pisa successifs (que le Manifeste récuse-mais c’est un peu facile) montrent non seulement des résultats moyens faibles, mais encore des différences fortes selon les milieux socio-économiques. Je ne pense pas que ce soit verser dans le populisme que de suggérer que notre mouvement s’intéresse à ces questions.

Cordialement.

Jacques.

 

ghysbrecht 16 février 2018 15:41
Vous avez tout lu dans cette discussion